photo versus |
" Nul autre organe du corps que les mains n'est en situation de nourrir ces pensées : n'étaient les pieds. Mais leurs doigts courts, nul d'entre eux ne s'opposant aux autres, ne leur laissent d'autre œuvre que marcher et frapper; tandis que l'opposition du pouce aux quatre doigts donne à chacune des deux mains une propre opposition interne. Ainsi les mains, énantiomorphes, sont le modèle formel et cependant concret de la pensée, de son faire-œuvre. Elles sont sa condition de possibilité. Et aussi la main s'oppose à la main inverse : non l'œil à l'œil, ni l'oreille à l'oreille, ni aucun autre organe double du corps.
Toute pensée est corporelle. En dernier ressort, elle est manuelle. La main est l'organe le plus délié dans l'agir du corps. Et le travail du corps est sa pensée.
Auguste Rodin aurait sculpté quatre cents mains et davantage, isolées, coupées à hauteur du poignet, sans compter les mains des personnages de sa statuaire.
La «Main de dieu», sculptée par Rodin, est une main droite. La «Main du diable», la «Main de la mort sortant de la tombe», la «Main du pianiste» et aussi les deux «Mains des amants» qui se caressent sont des mains gauches.
Toute pensée est corporelle. En dernier ressort, elle est manuelle. La main est l'organe le plus délié dans l'agir du corps. Et le travail du corps est sa pensée.
Auguste Rodin aurait sculpté quatre cents mains et davantage, isolées, coupées à hauteur du poignet, sans compter les mains des personnages de sa statuaire.
La «Main de dieu», sculptée par Rodin, est une main droite. La «Main du diable», la «Main de la mort sortant de la tombe», la «Main du pianiste» et aussi les deux «Mains des amants» qui se caressent sont des mains gauches.
photo Versus |
Les statues agressées par la violence des hommes ou ruinées par le temps, perdent d'abord leurs mains et leurs visages.
Les mains retiendraient tout en serrant leurs poings, n'étaient le vent, l'eau et le sable.
Mais le plaisir de lâcher, pour les mains, n'est pas moins grand que celui de prendre. Elles aiment à laisser couler entre leurs doigts eau, sable et vent, elles aiment l'expérience du vide."
Marc Le Bot La main de dieu, la main du diable Fata Morgana éditeur 1990.
les mains sont la première partie du corps que je regarde en quelcun: elles me parlent plux que la voix ou le visage...les tiennes par example sont très interessantes
RépondreSupprimerTraverses des pensées,
RépondreSupprimerTu me donnes l'âme, hein ...
@HobO3
RépondreSupprimerCiao Hobina!
Ce ne sont pas mes mains car les miennes sont occupées à prendre la photo!
Elles sont manucurées, ce sont celles d' un ami.
@Veronica
RépondreSupprimerTrès belle expression qui synthétise tout ce que la main peut donner de notre "âme". La marque de confiance est entièrement placée dans ce hein qui affirme sa présence et offre à l' autre son abandon.
Vraiment j' aime beaucoup la trouvaille!
Non ho compreso del tutto il passo che hai riportato. Il mio francese si limita a poche parole ed il traduttore google di certo non mi aiuta. Ho colto, però, la bellezza delle considerazioni finali con la mano che si protende verso il vuoto e si lascia attraversare da ciò che ha intorno...
RépondreSupprimerMolto intima e bella la foto iniziale.
Un caro saluto
@giacy.nta
RépondreSupprimerHo letto con il google translator l' italiano..Ci va bene un poco, no?
Ma lei ha capito il più importante.
Grazie per la visita!
affichage digital...
RépondreSupprimer@Le bourdon masqué
RépondreSupprimerEmpreinte physique terminale...
La main, comme la parole, façonnent l'Homme, avec violence ou en douceur...
RépondreSupprimerles mains sont en effet très "révélatrices"...j'aime tout autant celles fines et délicates du pianiste ou de la dentellière que celles rudes et calleuses des jardiniers ou des sculpteurs!...le geste est unique à chaque main ! un peu comme le port de tête ou la démarche! la graphologie montre bien toute la complexité (inclinée, petite , arrondie, espacée..)de chaque "dessin" à dessein!
RépondreSupprimer@le blÖg d'Ötli
RépondreSupprimerLa main me semble plus exposée aux rudesses et aux douceurs de la vie... Mais il est vrai qu' une parole peut plus profondément blesser qu' un coup de poing!
@Gwendoline
RépondreSupprimerBelle analyse avec laquelle je suis entièrement d' accord!
Il est certain aussi que la main, sa morphologie, tient aux gènes de chacun...
si je te donne mon coeur
RépondreSupprimertu t'amuseras une ou deux heures
si je te donne mes lèvres
peut-être auras-tu la fièvre ?
mais si je te tends ma main
tu trouveras le chemin de mon âme
et qui sait,
peut-être le secret de ma flamme
@Lautreje
RépondreSupprimerComme cela est si joliment dit!
A propos des "mains rudes et calleuses des sculpteurs" évoquées par Gwendoline.
RépondreSupprimerIl me revient à l' esprit celles du sculpteur César,petites et d' une extrême finesse, écrasant et comprimant mon carton d' invitation pour en faire une compression originale.
Ses mains m' avaient véritablement étonné de par leur finesse même.
je reviens pour lier votre billet chez moi... une autre façon de tendre la main sur la blogosphère... Bien à vous.
RépondreSupprimerLes mains tendues pour faire la chaîne de femmes et hommes-main, c'est très simple et très difficile à la fois d'oser se donner la main, une poignée vraie, même avec main gauche ...
RépondreSupprimer@Lautreje
RépondreSupprimerVraiment très, très sympathique de votre part.
Merci énoooormément!
@Veronica
RépondreSupprimer"Exercez la main gauche ! Il s'agit d'un corps et d'une main qui se veulent ignorants des bonnes règles, qui se veulent gauches. La manœuvre est faite pour provoquer l'étonnement. Le corps à l'œuvre de peinture s'étonne de l'énigme qu'il est pour lui-même quand il affronte le corps de la «langue» où il pense; et il a les mêmes étonnements en regard des autres corps dont il élabore la pensée dans sa langue. L'étonnement est l'expérience, dans l'art, de ce que toute chose a d'intimement secret et d'abord cette main elle-même qui dessine ou peint.
En quoi toute main de peintre est une main gauche.( Marc Le Bot)
Bonjour
RépondreSupprimerC'est L'autreje qui meconduit chez vous
Et je mesouviens d'un billet que j'avais écrit sur les mains... le voici:
http://coumarine.blogspot.com/2010/06/un-main-droite-gauche.html
@Coumarine
RépondreSupprimerBienvenue sur ce blog!
Et merci de votre contribution.
Et bravo pour votre sens de la communication!
A bientôt alors?
après le regard "miroir", il y a deux choses qui
RépondreSupprimerme fascinent chez l'être humain: la démarche qui
"parle" et les mains ! surtout celles des enfants que je ne me lasse pas d'observer quand ils jouent ou dessinent ou vous la donnent ! merveilleux !
bonne journée et bonne semaine
PS le mot de vérification est "restsur".....les mains ???
@Marty
RépondreSupprimer...Et lorsqu' ils écrivent aussi!
Voilà ce que dit Marc Le Bot:
" Les mains de l'enfant lâchent l'objet qu'elles tiennent, elles le déchirent, elles le brisent. L'enfant brise les choses parce qu'il voudrait briser le cours des choses, le cours du temps. Il voudrait un temps nul. Le cours du temps qui a saisi l'enfant à sa naissance est inscrit dans les choses. Jouer avec les choses, jouer avec le jouet est accepter d'être pris dans le cours du temps. Quand la main de l'enfant détruit quelque chose, on le gifle d'un revers de main afin que la douleur marque dans son souvenir le sens du temps, le cours des choses.
Tout souvenir est une blessure qu'on reçoit pour s'être heurté au temps. D'où vient qu'on préfère oublier l'enfance. On garde pourtant mémoire de l'oubli; on marque l'oubli de repères. Mais le travail d'oubli, aujourd'hui même, tient combien plus de place dans la pensée que le marquage des repères dans ce temps qui file entre les dix doigts des mains."
Belle journée à vous aussi!
Il me faut te narrer une expérience du vide faite récemment :
RépondreSupprimerJe suis droitière.
J’avais dans l’atelier un modèle qui travaille souvent avec moi et j’avais l’impression de tourner en rond dans mon travail : au fusain, malgré les énergiques coups de brosse imbibée de gomme arabique, le rendu devenait mou et la chair approchait celle d’un Canova. …;()…Même si la jeune femme est plantureuse et ronde, sa chair n’a pas cet aspect neutre et sage, ce froid académisme de certaines statues si mortes : elle porte de la vie.
Il m’a semblé que c’était ma main, et tout ce qu’elle maîtrisait de savoir-faire qui allait à l’encontre de ce que je voulais obtenir.
Aussi j’ai pris un feutre pinceau dans …ma main gauche et me suis laissée totalement aller dans le trait, uniquement (pas de travail des valeurs) ; le résultat fut totalement autre, opposé : la non-maîtrise du geste donna des traits hésitants, voire tremblants, discontinus, zigzagants, fouisseurs de l’espace du support, expérimentant toutes les directions, nerveux et vifs, et soudain tâtonnants, et tout cas … nouveaux.
Fallait-il monter le trait ou le descendre ? Partir de la gauche ou de la droite ? Je ne savais plus rien…ma main ne savait rien. Quant à mon cerveau, il perdait les pédales …joyeusement!
A main nouvelle, dessin nouveau ?
L’expérience fut très troublante tant elle apportât une liberté nouvelle.
Je vis tous les jours avec cette main et soudain je la découvrais.
Depuis je me suis promise de ne plus l'oublier...
Belle journée.
Arthémisia
@Artemisia
RépondreSupprimerBelle expérience que la tienne en effet!
Nous pourrions évoquer ici et dans le domaine de l' écriture, Jean L' Anselme et son poème de la main gauche.
http://soleildanslatete.centerblog.net/rub-jean-anselme-.html
Poète à part, dans la marge dont j' ai la chance de connaître ses ouvrages depuis pas mal de temps.
Il faut lire " Les poubelles" de cet humoriste poète, si vivant!
Je vais mettre un de ses poèmes en ligne un de ces jours.
Mais je vais revenir sur ta si intéressante expérience plus longuement dans quelques temps...
RépondreSupprimerLe texte extrait des archives " Du soleil dans la tête"
RépondreSupprimerici:
"Jean l'Anselme la poésie de la main gauche.
Ami et complice de Jean Dubuffet (ils ont collaboré à quelques plats poétiques de bon aloi) Jean l'Anselme persiste et signe sa manière qui est d'être à gauche du beau langage, pour naviguer dans les eaux troubles et fortes de l'anarchie langagière, avec des emprunts aux mots des graffitis des non-culturés, des polissons du vocabulaire.
Comme Blaise Cendrars qui peut revendiquer d'écrire de la main gauche : lui, parce qu'il a perdu sa main droite à la guerre - la Première !, l'Anselme parce qu'il a, comme Dubuffet, choisi de se poser contre la littérature rancie (prétend-il) et qu'il réveille avec ardeur.
On avait, au Soleil dans la tête, le goût pour ces marginaux des arts et des lettres. On refusait les frontières, les clans, les écoles, allant vers les "individus", du moment qu'ils illustraient une manière d'être et de créer qui n'était qu'à eux. On faisait se rencontrer des créateurs que rien ne rassemblait et qui pouvaient même se combattre. C'est en allant aux extrêmes que souvent on trouve le juste équilibre et puis à des contacts un peu forcés on voit naître des forces nouvelles.
André Martel, par exemple ( autre ami de Dubuffet) avec ses fantaisies langagières n' avait rien de commun avec Jean L'Anselme qui prône plutôt l'innocence (alors on le voit plutôt du côté de Gaston Chaissac)."
http://soleildanslatete.centerblog.net/rub-jean-anselme-.html
J'aime ce langage émotionnel des mains qui prennent la parole pour transcrire ce que le verbe, en certaines circonstances, est impuissant à exprimer.
RépondreSupprimer@frederiquelkamili
RépondreSupprimerExacte que votre réflexion!
Même que le verbe prend la main pour parler, aussi extraordinaire que cela puisse paraitre.
Par exemple:
" Le toucher et la caresse
Dans le toucher, la main semble rester à la surface des choses et des êtres; pourtant nous sommes là en présence d'une des expériences les plus profondes. En effet, les adjectifs qui désignent les différentes modalités des qualités tactiles nous servent également à préciser nos relations avec autrui. C'est ainsi que rude, poli, piquant traduisent les vicissitudes de nos contacts avec l'autre, tout comme les degrés de cette forme du toucher qu'est le sens thermique nous permettent d'affirmer que nos rapports avec ceux que nous avons approchés ont été froids, tièdes ou chauds.
Mais il y a beaucoup plus. Le verbe toucher est un des plus concrets qui soient dans la mesure où il implique la présence de ce à quoi il s'applique. Or ce verbe pénètre très rapidement dans le domaine de l'abstraction, ou plutôt dans celui où toute possibilité de contact s'évanouit. C'est ainsi que lorsque nous parlons de toucher quelqu'un, au sens où l'entendait Racine lorsqu'il disait que la grande règle est de « plaire et de toucher », nous cherchons à avoir accès à une intériorité avec laquelle aucun contact ne parviendra à nous mettre en relation. Le sens du toucher déborde infiniment ce qui relève du tactile.
Il en va de même de tous les verbes de la main.
Lorsque nous disons que nous saisissons ce que
l'autre a voulu dire, que nous tenons à lui. que
nous prenons part à sa peine, que nous nous
appuyons sur lui ou que nous lui avons arraché
une confidence, nous utilisons chaque fois des
termes extrêmement concrets qui se rapportent
aux gestes de la main et aux actions qu'elle peut
faire. Nous leur donnons pourtant une accep
tion impliquant une mission que la main ne
parviendra jamais à accomplir.
Voilà donc que quelque main invisible tente de
parvenir jusqu'à ce qui, par-delà ce qui se voit
et se touche, est la source vive d'où a jailli pré
cisément ce qui se touche et se voit. Bien sou
vent notre vie n'est que l'effort que nous fai
sons pour atteindre l'autre; la main est préci
sément ce en quoi viennent s'incarner tout
d'abord une sorte d'anti-main toute puissante
et lourde de désir, puis tous les tourments qui
naissent de notre impuissance à lui confier les
missions dont nous voudrions pourtant l'inves
tir. La main qui touche l'autre tente d'avoir
accès, par-delà tout ce qu'elle rencontre, à
l'intangible qui, par essence, échappe à l'idée
même de contact.
C'est là la vocation même de la caresse. Toute
caresse est, en effet, un effort pour parvenir à
la difficile union de deux êtres dans une coïnci
dence pathétique, ou plus précisément « sym-
pathétique ».
Jean Brun La main Delpire éditeur 1967.
Merci Versus d'avoir pris la peine de reprendre cet extrait de l'ouvrage de Jean Brun et d'alimenter, ainsi, mes lectures. Belle soirée à vous.
RépondreSupprimerJe suis en faveur de la coutume qui veut qu'un homme baise la main d'une femme la première fois qu'il la voit. Il faut bien commencer par un endroit quelconque
RépondreSupprimerAh, TG,tout respire en vous l' attaque du tableau, un morceau de bravoure!
RépondreSupprimerPar où commencer une toile, par quels endroits névralgique et stratégique, en quel lieu fatidique faut-il habiller la mariée?
Vous voyez bien que malgré vos dénégations vous êtes assez près d' une problématique Duchampienne!
:)
Beau dimanche à vous!
@frederiquelkamini
RépondreSupprimerUne poignée de main, une accolade pour cette fin de week-end.
Cet article est super-intéressant!
RépondreSupprimerLa main de dieu, celle du diable. La main aimante, celle qui détruit ... comme l'être humain dont elle est à la fois la partie et, dirait-on parfois aussi le tout.
L'aspect des mains touche mais il se modifie parfois hélas de manière sensible par l'arthrose.
PS J'aime beaucoup cette phrase de l'article "Toute pensée est corporelle".
soleil cou coupé ..
RépondreSupprimerversus il y a quelque chose qui m'intrigue, comment le café laisse voir un coulée sur la tasse du côté de celui qui prend la photo et pas du côté de celui qui la boit ?
@michèle dassy
RépondreSupprimerMerci de votre passage.
...Et de vos appréciations!
@Capucine Tsaganos
RépondreSupprimerFigurez-vous que j' y ai pensé à cette coulée, il y a peu de temps.
Le café devait être bu et nous ne sommes pas derrière l' autre tasse et sa face cachée pour vous la décrire.
Balbutiement des lèvres, cette coulée?
Excès du percolateur?
Le saurons-nous un jour...
La main comme précurseur du corps qu'elle actionne de la pensée qui l'agite.
RépondreSupprimerUn jour ma fille avait dessiné une main élégante qui tenait un objet délicat, je lui demandais comment elle avait fait, quel modèle elle avait pris, elle me montra sa main. On ne regarde jamais assez les mains qui parlent d'elles-mêmes.
Merci pour vos tranches de lectures toujours aussi inspirantes.
@Saravati
RépondreSupprimerMontrer sa main, " comme précurseur du corps qu'elle actionne"..Voilà que votre expression me fait penser aux marionnettes et la force féroce ou tendre de leur expressivité!
Voilà de quoi phosphorer: "LA MAIN" La main de ma soeur dans la... On y voit la main du diable, il faut bien lui donner un coup de main ! Un coup de main ou un cou de main ? Le cou de la main c'est le poignet. En voilà une petite main, curieux ça mon grand père maternel s'appelait ....Bonnemain !
RépondreSupprimerEh bien, vous voilà en de bonnes mains lexicales Jeanmi!
RépondreSupprimerJ' aurais pu écrire lexi-cals, lorsque la main devient un poing fermé.
Merci pour votre première visite sur le blog.
Vero. Le mani "parlano" e "dicono" in modo davvero eloquente!
RépondreSupprimer@Sandra M.
RépondreSupprimerMerci de votre visite, à bientôt!