Jean-Marie Staive-Enveloppe peinte.
ce marais que le soir plombe,
que rien n' allège, ne parcourt
tant l' eau pesante assure son étreinte.
Parfois pourtant monte une bulle
qui fait dans l' air un mince bruit de bouche :
approche d' un langage ou d' une plainte.
Quelque chose là-dessous respire :
serpents noués, tortues géantes,
globe de chair vitreuse,
bougeant à peine, s' accouplant
avec lenteur, perpétuant
dans des chambres de vase une race cruelle.
Frêles, glacés,
nous ne pouvons plonger ni nous déprendre,
mais un geste est tenté par une main secrète
qui patiemment sur l' ombre trace un signe.
Nous attendons la lune. Elle paraît,
elle dénude nos visages.
Jean Joubert, Anthologie Personnelle, Actes Sud éditeur,1997.
Ce poème à pour destination les œuvres du peintre Cécile Muhlstein
J.M. Staive agrafage original.
.Pour mieux connaître JEAN JOUBERT, c' est ICI .
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vendredi 28 janvier 2011
lundi 24 janvier 2011
Passage
J.M. Staive, agrafage original. |
La ville se casse. Se morcelle. S' époussière. Il est largement passé minuit. Les lumières sont une eau blanche. Préserver des ombres est indispensable pour l' imagination. Dans tel recoin- un bel assassinat. Dans tel autre- des amours urgentes. Dans cet autre - encore une solitude. Les silhouettes prennent du caractère. Incalculable nombre qui dort. Dort. Dort. Aussi mort couché que debout. Absent. Tandis que la ville se dissèque elle-même. Ses viscères ébranlés. Ce qui a eu lieu ne lui ressemble plus. Les cartes se retournent. La partie est jouée. Le temps d' un destin est franchi.
Louis Calaferte, Les Fontaines silencieuses, L' arpenteur éditeur 2005.
Agrafage original de Jean Marie Staive |
lundi 17 janvier 2011
Les graveurs autres
Gravure originale de A. CIESLARCZYK. 1916-
Les graveurs sont les estafettes de l' inconnu
Ils oscillent sur leur plaque tournante
Surpris par les cris des tigres et des oiseaux
peuplant les secrets des acides
Surtout ceux qui voyagent en larguant les apparences
substituant aux ordres des mondes ceux de leur esprit
" transgressant l' artifice par une création négative
accédant enfin à l' exubérant nihil"
Ceux-là même qui écoutent le roulement des dés
sur la falaise du hasard
au pays des incisions et des morsures
juin 1975
Camille Bryen, Langue d' oiseau, Fata Morgana éditeur.
A. CIESLARCZYK, gravure originale rehaussée, carte de vœux.Collection privée.
dimanche 9 janvier 2011
Nu dans la cascade
Nu dans la cascade
Le moule transparent
qui suscite et rassemble
ton corps de soleil.
Le tissu de feu.
Si tu le sens
adore.
Le chatoiement
collant les morceaux de ce corps
les morceaux de soleil
de ton corps.
Il faudrait qu' ils tiennent
par eux-mêmes
que le feu s' évanouisse
afin que tu vois le regard
qui ouvrira ta mort.
Il n'y a plus de filtre alors
tu entres et sors
tu parcours la présence.
Tu peux lancer
tes fibres de lumière
elles s' accrochent partout
aux lignes du monde.
Mais sans doute ne verras-tu
jamais
le regard.
Avant l' issue.
Jean Mambrino Ainsi ruse le mystère, José Corti 1983.
lundi 3 janvier 2011
Naissance, enfance d' une sculpture
.
C' est à toi qu'il faut demander la lune
Celle que tu nous donnes
Au rendez-vous des lapins
Bientôt totalement dispersés ce matin
Au lotissement langagier devançant les lumières
Celles qui nous enserrent dans leur bras
de fer et d' acier
Sorties de l' herbe
entre tendresse et dureté
Serties de gerbes
En entier descendues de l' escalier
naturel en somme
ce soleil d' enfance qui te nomme
Jean de La Fontaine
ou
Suzanne au bain
Cela devait advenir ce message des lapins
de saison fort restreint
Et la fraîcheur maintient encore par contraste épousé
cette nouvelle force du jour comme une palissade invisible
entre la terre et l' eau qui la porte.
Versus
Œuvres originales de Jean SUZANNE collection privée.
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