NAITRE
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Collage J.M. Staive |
« Naître ! Quel vent comme une eau glacée sur ma face ! Je suis au seuil d'une plaine où le soleil roule avec les cloches dans la brume. Un homme laisse tomber sa faux sur la rosée et chante, chante tourné vers l'orient. Voix jamais entendue, chant jamais appris, cri qui monte vers la lumière, plus haut que toute angoisse, plus haut que les douleurs multipliées. C'est là le monde que vous m'avez rendu ! La belle route couleur de lavande pâlit à chaque seconde. Personne jamais ne l'a suivie, elle aussi est née avec le jour. Et c'est VOUS que ce village attend là-bas pour s'éveiller à l'existence. »
Gustave ROUD, Petit traité de la marche en plaine .
Naître ou ne pas naître… quelques jours encore et je ne saurais plus ou je crèche…
RépondreSupprimer@TG
RépondreSupprimerUne chose dont on peut être sûr c' est que vous ne serez pas sur la paille!
C'est vrai! quel âne je fais…
RépondreSupprimerMerci beaucoup!! Toi aussi, tu es en mon blogroll...à bientot!!
RépondreSupprimer@TG
RépondreSupprimerVous faites l' âne pour avoir du son?
Vous semblez, sauf votre respect, être vraiment une brave bête!
:)
@Simona Cuneo
RépondreSupprimerSoyez la bienvenue.
A bientôt!
@Carmen
RépondreSupprimerMerci à vous aussi pour votre visite ici!
J' apprécie la teneur générale de votre blog, avec sa couleur d' Italie, ce qui est un plus en ce qui me concerne!
Alors à bientôt!
I miei auguri più belli per te. :-)
RépondreSupprimer@giacy.nta
RépondreSupprimerRecevez les miens en retour, comme ce " chant jamais appris" de Gustave Roud!
Et merci encore de votre visite.
J'aime bien les paradoxes des temps joliment mis en image par vous et j'aime bien la danseuse comme le lien élégant des générations...Vous aimez la danse?
RépondreSupprimer@laurence
RépondreSupprimerEst-ce un paradoxe cette cerise sur le gâteau de l' année, ce bonheur que l' on attend pas, celui de la naissance d' un enfant?
Je ne parle pas du frelaté de la fête, mais du bonheur d' apprécier un fruit qui vous craque entre les dents.
Oui, la danse dans son travail de contrainte acceptée libère le corps, libère la vie, nous rend plus souple face aux chocs multiples de la vie.
J' avoue avoir été très sportif, pratiquant l' athlétisme.
Et la danse fut un de mes plus beaux souvenirs.( Mais pas pratiquée). Messe pour un temps présent de Maurice Béjart au TNP, j' étais jeune, c' était la dernière représentation, une foule quémandait à des prix déraisonnables des places à l' entrée..Et une éternité d' applaudissements au final comme si rien ni personne ne désirait se départir de cette harmonie universelle des corps et des cœurs.
Votre blog, c' est là que je retrouve la danse!
J' ajouterai que le programme du spectacle Béjart de l' époque citait Nietzsche :
" Je ne pourrais croire qu'à un Dieu qui saurait danser."
Puissions-nous danser notre vie!
Belle journée à vous laurence.
Da quale artista che sei hai giustamente realizzato un post originale e diverso da tutti dando un'impressiona magica. Cari auguri di Buon Natale a te e alla tua famiglia! ciao Cri : )
RépondreSupprimerC'est très fleur bleue ces petits coeurs...une surprise cette cerise! la naissance d'un fruit comme support à nos passions!
RépondreSupprimer@Gwendoline
RépondreSupprimerEt les émoticônes, cela n' est pas fleur bleue aussi?
Petit rappel du gnangnan des fêtes obligées..
Et la cerise, cette surprise sur le gâteau des réjouissances chocolatées.
Le naturel du fruit en opposition à l' artificiel des circonstances convenues.
Mais l' image ne s' explique pas seulement en cela, chacun peut y aller de son envolée..sa danseuse quoi!
@Cristina
RépondreSupprimerMerci pour "impression magique", mais elle vient de la peinture en fond d'origine, traitée en monochromie. D' ailleurs je cherche l' auteur de cette nativité. Si quelqu'un de nos lectrices ou lecteurs peut m' éclairer...
Peut-être Vérone pour le jour de l' an.
Ciao!
c'est un compliment ; "fleur bleue" et
RépondreSupprimer★ Joyeux *. • ˚ ˚ •. ★ ★ Noël. . °. ° * ★ ★ Joyeux. • ˚ ˚ ★ ★ ˛ ˚ ˛ •
•. Noël ★ ˛ ˚ _Π_____. * ˚ ★ ★ ★
˚ ˛ • ˛ • ˚ */______/~ \. ˚ ˚ ˛ ★ ★ ★
˚ ˛ • ˛ • ˚ *| 田田 | 门 | ˚ Et bises♥
Merci Versus!!
RépondreSupprimerLes cd de Corrado sont en vente on line ici:
http://www.corradocordova.it/anteprima.htm
Pour les acheter dans les magasins de musique en France, je crois qu'il faut demandé.
Mais, si tu veux, tu me donne ton addresse et je t' envoie "Neve e Mare"...c'est notre cadeau pour toi!
cuneo.simona@gmail.com
@Simona C
RépondreSupprimerD' accord,mais alors on échange avec un dessin original!
Et pour nos visiteuses et visiteurs ici, je ne peux m' empêcher de mettre en ligne cette magnifique interprétation de Corrado Cordova
http://www.corradocordova.it/galleria.htm
Je ne m' en lasse pas!
Ciao.
J'adore votre collage !
RépondreSupprimerPlein de ce souffle de vie, eau de naissance qui s'exprime par la joie rouge ... L'image pieuse peinture, plus grave, d'origine est totalement modernisée par la grâce de cette fée-danseuse qui offre sa rêve-errance à l'oeuvre et de ces couleurs qui flottent par dessus, manteau de regard qui sourit et rend grâce à la vie qui naît ... Sur la plaine ou aux cieux, le soleil semble dérouler la magie de nos ailes pour accueillir ...
Et je pense aussi à cette phrase de Bobin dans La plus que vive :
" Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu'un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l'âme. les deux naissances sont comme un arrachement. "
L'artiste n'est-il pas celui qui naît deux fois ?
Amitié poétique et grâce de Noël à vous !
Veronica
@Veronica
RépondreSupprimerRenaître, cette ingénuité profonde qui d'un monde clos nous fait tenter à rejoindre l'infini?
Il y a longtemps déjà, Bobin détient son portrait éxécuté par Staive..
A la veille de la nouvelle année cela ne nous rajeunit pas!
Bon et beau Noël!
Ce collage est magique. Naître, c'est avant tout une histoire d'amour, je l'espère !
RépondreSupprimerJoyeuses fêtes striées d'étoiles !
Oui, oui, Saravati,
RépondreSupprimerAimer, s' aimer, nous aimer!
C' est le beau titre d' un excellent livre de Bernard Stiegler paru chez Galilée en 2003.
Il le résume ainsi lui- même:
" La violence et l'insécurité dans lesquelles nous vivons — aussi exploitées qu'elles puissent être fantasmatiquement, voire manipulées de manière délibérée - relèvent avant tout d'une question de narcissisme, et sont le fait d'un processus de perte d'individuation. Il s'agit de narcissisme au sens où un homme comme Richard Durn, assassin d'un nom — assassiner un conseil municipal, représentation officielle d'un nous, c'est assassiner un nous — souffrait terriblement de ne pas exister, de ne pas avoir, disait-il, le « sentiment d'exister » : lorsqu'il tentait de se voir dans une glace, il ne rencontrait qu'un immense néant. C'est ce qu'a révélé la publication de son journal intime par Le Monde. Durn y affirme qu'il a besoin de « faire du mal pour, au moins une fois dans [sa] vie, avoir le sentiment d'exister ».
Richard Durn souffre d'une privation structurelle de ses capacités narcissiques primordiales. J'appelle « narcissisme primordial » cette structure de la psyché qui est indispensable à son fonctionnement, cette part d'amour de soi qui peut devenir parfois pathologique, mais sans laquelle aucune capacité d'amour quelle qu'elle soit ne serait possible. Freud parle de narcissisme primaire, mais cette expression ne correspond pas tout à fait à ce dont je parle : elle désigne l'amour de soi infantile, une époque précoce de la sexualité. Freud parle aussi de narcissisme secondaire, ce qui survient à l'âge adulte, mais il ne s'agit encore pas de ce que je nomme le narcissisme primordial, qui est sans doute plus proche de ce que Lacan désigne dans son analyse du « stade du miroir ».
Il y a un narcissisme primordial aussi bien du je que du nous : pour que le narcissisme de mon je puisse fonctionner, il faut qu'il puisse se projeter dans le narcissisme d'un nous. Richard Durn, n'arrivant pas à élaborer son narcissisme, voyait dans le conseil municipal la réalité d'une altérité qui le faisait souffrir, qui ne lui renvoyait aucune image, et il l'a massacrée."
Se pourrait-il que des êtres humains ne soient pas dans le "naître" à eux-mêmes?
Quelle richesse que le symbole de la nativité!
Bon Noël à vous.
MERCI, surtout en cette nuit...
RépondreSupprimerCette belle image accompagne très bien le texte chaleureux et optimiste.
RépondreSupprimerJe vous souhaite un très bon Noël!
Cher Versus, pour vous j' ai reformaté mon adresse IP, quel exploit! et je vais enfin pouvoir commenter à nouveau vos conceptions remarquables de l' art! Avec mon amitié sincère.
RépondreSupprimer@orfeenix
RépondreSupprimerBon, une renaissance sur blogger alors!
Que de bonnes résolutions techniques pour vous!
...Et pas seulement, bien évidemment.
@cristiane
RépondreSupprimerMerci surtout de votre signe de passage!
@Michèle Dassy
RépondreSupprimerHauts les cœurs!
http://www.dintrich.fr/
Et renaître sans cesse ?
RépondreSupprimerQue 2012 soit celle de la naissance de belles créations ;)
@le blÖg d' Ötli
RépondreSupprimerRenaître sans cesse, comme une palingénésie, l'éternel retour du même?
C' est sûrement ce mouvement inchoatif qui est à l' origine de toute création.Spasme vital?
Bonne soirée à vous.
Merci pour ce très beau texte, sensiblement évocateur.
RépondreSupprimerJ'aime aussi beaucoup votre collage, dans ce mariage heureux de rouge chair palpitante et de légèreté féérique. belle évocation de la naissance dans sa sauvagerie et sa magie.
Quand à vos mots sur la danse et Maurice Béjart, ils me touchent en des souvenirs lointains mais heureux...
Je me réjouis d'avoir par mes vagabondages récents découvert votre sente aux belles lettres.
Bonne soirée.
@Dame Y.P.
RépondreSupprimerMerci de vos appréciations étayées et sensibles dans le souvenir d' un vécu.
Soyez la bienvenue ici en vos commentaires,avec toute notre attention et en toute cordialité!
A très bientôt.
Bon Noel!!
RépondreSupprimer@Hob03
RépondreSupprimerJe vous retourne vos souhaits Hob03, au-delà de votre formule chimique, dans le concret charnel de la vie, belles fêtes assurément!
Champagne!
@Hob03
RépondreSupprimer...Champagne, c' est la formule magique que tout le monde comprend!
Très beau livre, celui de Bernard Stiegler, je confirme. Tous mes vœux Versus. Que le krack ne nous croque pas :-)
RépondreSupprimerLa vie serait-elle un zoo Zoé?
RépondreSupprimerCelui là même qui nous enferme et veut nous laisser l' illusion que nous sommes libre!
Être lucide sur ce qui nous enferme, co-naître en quelque sorte.
C' est aussi le fait de disposer de soi.
Et tous mes vœux en retour de bonheur et pas de bâton( de Crac)!
Thank you for coming and visiting my blog! I wish I could read French! I hope you have had a good day painting! Mika
RépondreSupprimerHello M Violetta, you can get Google translator, upper on the left of that blog!
RépondreSupprimerSometimes it's horrible but you can swim between words.
Bienvenue ici et à bientôt!
Gustave Roud est un très grand poète. Ici, encore, ce mélange d'émerveillement et d'intense solitude. Un "séparé"... Merci pour ce cadeau rare qui appelle dans vos oeuvres, la déchirure...
RépondreSupprimertoujours ce sentiment d'artificiel dans la poésie. Tout y est calculé, édulcoré ,sous pesé, mais c'est vrai cela ne dérange personne. Chloroforme pffffuiiitttt...
RépondreSupprimerCeci dit Versus une bonne année féconde de positifs, cela vous tente-t-il?
Alors accordé!
Ah, bourdon... vous me donnez le...bourdon !
RépondreSupprimerhttp://www.larevuedesressources.org/article.php3?id_article=275
@christiane
RépondreSupprimerOui Christiane, Gustave Roud comme vous le
précisez si finement est un "séparé"!J' ai relu hier au soir après votre commentaire une grande partie de ses écrits dans la belle édition en trois tomes de la Bibliothèque des arts. Et croyez-moi, le plaisir fut double!
D' abord ses textes courts qui parlent de la nature et de l' homme qui se meut en son sein et puis le souvenir vif de l' ami Georges Borgeaud qui m' avait offert ce précieux petit coffret de marche sensible.
" Cet azur mort que le jour verse à ton regard, tu le lui rends comme une vivante caresse. Tu lui as dit: J' accepte et le paradis humain se lève autour de toi.
Voici l' année.
Gustave Roud, Essai pour un paradis.
Belle année christiane!
@le bourdon masqué
RépondreSupprimerJe vous aime bien bourdon, et comme tous les blogs que je mets en ligne sur le mien, j' aurai du positif à dire. Vous l' amoureux de la matière, l' ouvrier du regard de nos vies, vous êtes poète et vous n' osez vous l' avouer comme une pudeur à votre front!
Le regard de la poésie procède d' une sensibilité, très différente pour chacun, très idiosyncrasique pour employer un gros mot.
Il existe de la mauvaise poésie, du fabriqué lourdement..Mais il en va ici comme de tout. Comme de ces objets grossiers dans leur forme, dans leur assemblage.
Et puis, voulez-vous des exemples de poésie coup de poing, avec des mots comme des pierres jetées au front de la pensée lourde et frontale, sans nuance?
Les poètes ont fait la révolution bien plus profondément que les hommes mais AVEC les hommes.
Homère, Hugo, Rimbaud, Khlebnikof...leur poésie a libéré nos esprits et nos cœurs. Ils ont libéré les mots de la propagande, de la pauvreté d' usage pour leur rendre force et vigueur!
Faire rendre gorge aux mots du marketing, apprendre le vif de la morsure comme l' artiste graveur le fait avec la plaque de cuivre.
Oui, le poète nous rend les mots aciérés, acérés!
Ici, un texte de Pierre Dhainaut, à propos de " Pourquoi des poètes en temps de manque? Edition du Soleil Noir.
RépondreSupprimer" La poésie de nos jours est-elle un sujet d'étonnement ? De dérision plutôt. Non pas aux yeux des autres : à ceux d'abord des poètes. L'écriture, son agonie.
Ne fallait-il pas découvrir les pièges où la poésie facilement se laissait prendre ? Ce mythe de l'innocence ou de l'unité grâce auquel les poètes ont pu vivre en ces temps du manque, ou survivre, angélisme, a-t-on dit, respectant, perpétuant le schéma religieux : poésie, paradis. Le poème avait mission de purifier, il le pouvait, ses mots participaient à l'être et tendaient vers le chant.
La Grèce de Hôlderlin n'est point la Grèce, et si nous le lisons, s'il nous attire, nous sommes avant tout sensibles à ce qui brise en lui ce chant. Nos yeux, plus rien ne les voile, aucune image, mais sur quoi s'ouvrent-ils, se ferment-ils ?
C'en est fini des illusions : persisteraient-elles, du moins nous savons à quoi nous en tenir, nous l'affirmons. N'est-ce pas notre ultime illusion?
La poésie, de Hôlderlin jusqu'à Breton, c'est elle qui jugeait, la voici qui passe en jugement. Des sciences (ou ce que l'on baptise ainsi) la condamnent : sublimation poétique, idéologie poétique, etc. Rien de neuf dans ces accusations, mais quel poète a résisté suffisamment pour ne pas les reprendre à son compte ? Seraient-elles en partie justes, elles n'en sont pas moins accablantes, elles entravent.
Et chanter ? Pourquoi ferions-nous confiance aux mots ? La langue en effet nous trompe, elle nous oblige à dire ce qu'il lui plaît : nous venons après, nous intervenons si peu.
Qui se vantera d'avoir déjoué tous les pièges ? Personne n'échappe à la lèpre, mais la plus corrosive, ne serait-ce pas ce regard exclusivement critique ?
Ruinée, la poésie. J'allais dire : en ses fondements. Lesquels ? Qui peut répondre ? Toutes les réponses traditionnelles nous semblent caduques : alibis, fantasmes et mensonges... S'agit-il d'une libération?-J'en doute. Au jeu dangereux de la négation, n'avons-nous pas perdu jusqu'à nos dernières forces?
Que se passait-il naguère encore ? Le surréalisme a remplacé le symbolisme, il n'a point tué la poésie, il espérait la rendre, au contraire, à sa vocation : le rêve et l'imagination, les mots qui font l'amour, disait-il. Nous en sourions, quand nous ne nous acharnons pas contre eux.
Contre nous.
Qui renonce à la poésie se mutile. Et qui l'accepte aveuglément s'égare.
Irons-nous plus loin dans le nihilisme ? Est-ce possible ? Impossible en tout cas de revenir en arrière. Serait-ce inéluctablement l'impasse ?
N'aurions-nous pas commis une erreur ? Avec Hôlderlin les poètes ont glorifié la poésie ; avec Bataille ils l'ont injuriée. Rimbaud fit les deux. J'évoque en fait mes propres hésitations. J'appartiens à une génération qui n'a point commencé par la révolte, elle hérita. Aux déceptions de ce monde j'ajoutais celles d'un autre monde : telle que je l'avais définie, la poésie me dominait, j'étais sa victime. De toutes les mystiques, la plus éprouvante. J'obéis ensuite au mouvement inverse, obligatoire : j'ai contribué à lui ôter les masques, je montrais sa vanité. Et de la même façon je me suis usé. La louange et le blasphème se ressemblent, nous n'avons pas à leur livrer toutes nos forces. Haut ou bas, quoi qu'il en soit, nous parlons trop de la poésie, nous faisons d'elle un absolu, nous l'isolons. Nous persistons à penser en termes dualistes : elle est pure, elle est impure. Erreur, bien sûr, à peu près générale."
( à suivre...)
Pourquoi la poésie en temps de manque? Le soleil noir éditeur 1978.
RépondreSupprimerRéponse de Pierre Dhainaut (suite):
" Idéologie, sublimation, comment de toute façon les éviter ? Si la poésie fait corps avec l'histoire, individuelle et collective, elle la traverse aussi. Tantôt nous voulons coïncider avec cette histoire, tantôt nous en évader, à tout prix. La poésie ne consiste pas dans le seul dévoilement de sa nature : elle se désincarne alors. Elle ne consiste pas davantage en une incarnation qui exigerait qu'on lui sacrifie tout, qui l' ampute et l'alourdit.
Traquée, la poésie fatalement se dérobe. Nous ne procédons que par force : textes qui ont la prétention d'être ainsi des poèmes, écrivains qui osent s' appeler des poètes. Or la poésie n'existe pas, elle n'existe pas du moins comme pour nous y soumettre ou pour la soumettre, nous puissions abstraire. Son nom déjà n'est-il pas un obstacle ?
Elle nous surprend, nous la surprenons parfois.
Est-ce le réel ? Est-ce l'image ? Est-ce le langage ? Est-ce le silence ? Questions insolubles. En mettant l'accent ici puis là, nous sommes victimes inévitablement de ette conception, particulière à l'Occident, qui veut trancher, qui n'admet qu' un sens: elle postule toujours l'innocence et l'unité, mais en quelque sorte a rebours.
Hier naïfs, actuellement crispés. Nous avons fui, nous piétinons : la belle affaire!
Prétendre après Breton que la poésie « porte en elle la compensation parfaite des misères que nous endurons » me paraît aussi néfaste, aussi faux, que de proclamer à la suite de Denis Roche : « Poésie, c'est crevé. » Accepter, renoncer : dilemme absurde. Nous ignorons la relation, cette oscillation qui donne vie à la houle, au souffle.
Que serait le temps sans l'éternité ? La poésie n'est pas plus l'éternité que le temps. De même, elle n'est pas plus le réel que l'image, le langage que le silence : elle nait de leurs rapports. Parfois donc, pourquoi pas sans cesse ? Les poèmes et les poétes ne sont pas seuls en cause. Tous, nous devrions apprendre à respirer.
Sommes-nous vraiment pauvres ?
Encombrés par les idées d'une civilisation qui entre oui et non ne nous a pas laissé le choix, nous étouffons. Autant que des ombres, les mots sont des flammes. Les ombres ont été trop denses, les flammes trop légères : artificiellement nous avons séparé. Déchiré. La langue est semblable à l'air dont a besoin l'oiseau, dont il se joue: son vol, une connaissance, et pourquoi le poème n'en serait-il pas une aussi? L' oiseau ne s'évade pas, prétendrons-nous qu'il est captif?
La poésie ne nous sauve pas, elle éveille : il n'y a point de malédiction, manque et plénitude ne sont pas des réalités indépendantes. Je n'attends rien du parti pris (la nostalgie, l'avant-garde). Autant que de l'aveuglement je me méfie de la lucidité. Pourquoi des poètes ? Que la question reste en suspens, peu m'importe : nous n'avons que trop de réponses. Perdons notre fausse assurance, ou notre honte, et nous inventerons un art d'écrire, un art de vivre aussi bien, qui échappe à l'essence et à l'ordre.
Le rien subversif."
Voir aussi:
http://jeanmarie-staive.blogspot.com/2011/08/pause-livre-de-poesie-1986.html
Ces mots des poètes, ils glissent comme un rai de lumière dans l'obscurité de nos silences et soulèvent cette incapacité de dire le noir.
RépondreSupprimerPour cette lumière attentive qui habite vos deux blogs, belle et douce année, cher ami. A vos lecteurs aussi dont les mots drus -parfois- sont comme de l'herbe couverte de rosée (ça mouille un peu les chaussures mais ça ré"veille !).
@christiane
RépondreSupprimerLa lumière persiste et signe ce début d' année, elle déjoue les saisons du dire Christiane.Belle année à vous!