"II s'agit d'une immatérialisation qui secrète de soi-même sa propre lumière, une incandescence, comme l'impression d'une obscurité se transformant en lumière. C'est l'effet d'une transsubstantiation : la couleur est matérielle, elle est matière colorée, colorante, et cette matière produit quelque chose d'immatériel qui est la lumière. La métamorphose donc de la matière, de l'obscurité inhérente à la couleur et à sa matérialité, en lumière avec un sens de rayonnement spirituel."
Youssef Ishaghpour Rothko Une absence d'image:lumière de la couleur, farrago Éditions Léo Scheer 2003.
Photos Versus
Intéressant !
RépondreSupprimerPhénomène sur lequel certains peintres ont consacré toute leur recherche et leur travail. Rothko parmi les plus grand, joye.
SupprimerBonne journée!
des "globules" de lumière que Newton présentait quand il fit son telescope
RépondreSupprimerOui, quoi de plus "matériel" que cet impalpable. On peut comprendre que cette énigme intrigua les praticiens de l'art.
SupprimerJ'aime beaucoup les explorations de Youssef Ishaghpour dans le domaine de de la peinture ou du cinéma. Chez Farrago (éd.Léo Scheer) un petit livre délicat : "Morandi Lumière et mémoire".
RépondreSupprimerIl y évoque "l'énigme de la légèreté et du rayonnement du visible" dans les peintures de Morandi, "la vibration des couleurs à la lumière", une "méditation picturale".
Et ce très joli regard sur ses aquarelles : "Les aquarelles de Morandi, proches des plus belles œuvres de l'Extrême-Orient, se détachent, jusqu'à l'oubli, non seulement des désirs et des pensées, mais aussi de l'objet à figurer, qui acquiert ainsi une pureté "spectrale" et apparaît dans une immatérialité impondérable."
Et plus loin, dans ces mots tout simples :
"Les paysages de Morandi, comme toute chose dans sa peinture, restent quelconques, petits, fragiles, pauvres : ils restent ce qu'ils sont tout en révélant, dans la vision du peintre, leur âme de lumière."
La proximité esthétique de ces deux peintres est assez juste Christiane, liée dans un identique intérêt que leur porte le critique Youssef Ishaghpour .
SupprimerMême si chez Morandi une certaine figuration est présente contrairement chez Rothko. Mais les bords, les "détours" de la couleur, les fonds qui deviennent formes ascendantes par la lumière, cela se retrouve chez ces deux artistes.
Sans me vanter; j'ai rien compris…
RépondreSupprimerC'est de la physique,TG et c'est physique!
SupprimerA mon sens, Rothko, plus que tout autre, par une tension inéluctable, a dit le noir (mais pas seulement), la lumière du noir, sans empâtements, ni reliefs, ni brillance, dans la plus extrême simplicité, une transsubstantation, oui
RépondreSupprimerOui, Louise Blau, il faut se souvenir de l'expérience des peintures de Rothko dans cette chapelle non confessionnelle, ce monument propice à la méditation devant quelques uns de ses tableaux il affirmait:" ce que vous ne voudrez pas regarder".
Supprimer(..)"de grands champs de couleurs amorphes, obscures, vides, absorbées en elles-mêmes, autosuffisantes, mélancoliques, non engageantes et dépouillées de toutes qualités dramatiques ou sensuelles, rejetant le spectateur, lui refusant d'abord l'entrée, puis l' attirant dans un sans-fond noir, non humain, annihilant et sombre.( Ishaghpour)
Il faut bien du "noir" pour révéler la lumière, bien du négatif, pour comprendre. Absorber le positif, c'est un long voyage.
RépondreSupprimerAbsolument frederique!
SupprimerVoici ce qu'écrit à la suite, Youssef Ishaghpour dans son livre sur Rothko cité ci-dessus :
" Après la chapelle, Rothko avait la possibilité de faire un pas au-delà. Peindre désormais des tableaux sombres, noirs et monochromes : l'obscurité, l'invisible, le silence. De telles peintures existaient : Ad Reinhardt, un autre des peintres de New York, y était arrivé. Depuis le début des années cinquante, par une abstraction à partir de l'abstraction : en réduisant, de plus en plus, les formes rectangulaires, les croix et le nombre des couleurs, en excluant les mélanges, en amincissant la matière picturale, pour aller vers la surface lisse, sans trace de pinceau.
Regardant les dernières œuvres de Reinhardt, Rothko aurait dit : « J'aurais dû les peindre... La différence entre moi et Reinhardt, c'est qu'il est un mystique. J'entends par là que ses peintures sont immatérielles. Les miennes sont ici. Matériellement. Les surfaces, le travail de la brosse et ainsi de suite. Les siennes sont intouchables. »
« Lorsque quelqu'un est mystique, il doit toujours s'efforcer de tout rendre concret », avait-il dit, auparavant, de sa propre démarche. Ne pas confondre la surface de la toile et l'absolument autre, l'absolu, l'infini ou le sans-fond des mondes; partir de la matérialité des couleurs pour en faire irradier la lumière. Mais, avec sa chapelle, Rothko est allé au-delà. Ce qui l'a conduit à dire, en parlant du nouveau style de ses
toutes dernières oeuvres, qu'il ne savait pas « s'il peignait des Rothko en enlevant les couleurs, ou même, vraiment, s'il faisait, du tout, de la peinture ».
Pour information complémentaire concernant le peintre Rothko:
RépondreSupprimerFabrice Flahutez, "Mark Rothko, peintre en devenir", La Vie des idées, 31 janvier 2008.
ISSN : 2105-3030. URL:http://www.laviedesidees.fr/Mark-Rothko-peintre-en-devenir.html
Cette lumière est obscure pour moi!! =_=
RépondreSupprimerIci, un peu de cette lumière qui peut-être vous parlera..
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=kdtoIUqZuC8
Bonne soirée!
très sympa cet adagio! merci
RépondreSupprimer;)
SupprimerPourquoi faire simple quand ...
RépondreSupprimerCeci dit, il est des artistes qui se retranchent derrière des mots juste pour établir un fossé :-)
Je ne dirai pas que je n'ai rien compris, je n'ai pas cherché à comprendre, l'art n'est pas un concept chimique ou physique qu'il faut démontrer à tout prix même à celui de l'obscurité :-)
C'est tout simple en fait, saravati, et comme ce qui est simple, bougrement complexe..
SupprimerJ' ai compris ce phénomène lorsque j'étais tout jeune, en classe de quatrième et que notre professeur de français nous amena des pots de peinture en classe.La peinture était là, matériellement offerte, évidente et sa couleur aussi. Mais selon l'éclairage, l'angle de vision, la couleur changeait, oh, imperceptiblement, c'est vrai.
Mais ce professeur nous expliqua que ce sont bien des rayons lumineux ( rapport à la physique) impalpables qui font la perception de la couleur et de la matière qui supporte cette couleur.
Le matériel, pour faire court provenant de l'immatériel, de l'imperceptible au sens commun du terme.
C'est le domaine du rétinien.
Vu de cette façon, ça commence à devenir plus lumineux. L'ésotérisme n'a jamais été une façon de définir clairement une réalité.
SupprimerMerci pour ces précisions, je me sens un peu moins ...bête :-)
Où voyez-vous de l'ésotérisme, saravati?
SupprimerJe m' associe à Saravati pour dire qu' une transsubstanciation est forcément mystique et qu' alors la lumière se fait symbole de la connaissance innée, la fameuse intelligence angélique dont vous semblez imprégné...
RépondreSupprimerJe voulais bien nettement différencier l'ésotérisme du mysticisme...
SupprimerVoir ce que dit Rothko dans : Notes d'une conversation avec Rothko, 1956, par Selden Rodman,
(...)
" Vous êtes un peintre abstrait pour moi" dis-je.
" Vous êtes un maître des harmonies de couleur et des relations à une échelle monumentale. Pouvez-vous le nier ?"
« Je le nie. Je ne m'intéresse pas aux relation de couleur ou de forme ou de quoi que ce soit d' autre."
« Alors qu'exprimez-vous donc ? »
« Je ne m'intéresse qu'à l'expression des émotions humaines fondamentales - tragédie, extase, mort et j'en passe - et le fait que beaucoup de gens s' effondrent et fondent en larmes lorsqu'ils sont confrontés à mes tableaux montre que je communique ces émotions humaines fondamentales. Je les communique plus directement que votre ami Ben Shan(1), qui est essentiellement un journaliste, parfois modérément intéressé par les évocations surréalistes. Les personnes qui pleurent devant mes tableaux font la même expérience religieuse que celle que j' ai eue lorsque je les ai peints. Et si vous-même, comme vous le dites, n'êtes ému que par les rapport de couleurs, eh bien alors, vous passez à côté du sujet ! »
Nous nous quittâmes amicalement, mais il me fit comprendre clairement qu'il ne souhaitait pas être questionné plus avant. J'étais content qu'il en eut dit autant."
1. Ben Shahn (1898-1969), principal représentant du style réaliste social, pendant les années 1930 aux États-Unis.
Rothko, écrits sur lart 1934-1969 Champs/Flammarion pages 189 et 190.