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dimanche 8 janvier 2012
A trop désirer la couleur, l' espace se défait.
"A trop désirer la couleur, l'espace se défait, il s'annule. Autre chose survient dans les yeux, qui n'est plus un vertige. Allez, allez au bout de la fascination! le ciel, la mer, poussez leurs teintes à leur plus grande force et que celle-ci vous paralyse! Le corps saisi veut se reprendre, c'est de peur.
Jouer sa propre peur, tel est le goût qui pousse bien des tableaux aux couleurs vives. On joue des violences de la solitude, celle qui craint même les oiseaux. On retire ses yeux tout aussi loin qu'on peut des choses visibles, dans les couleurs indifférentes pourvu qu'elles soient intenses. Ça fait un monde aussi. Ce monde-là est contraire ou inverse, il est un monde négatif. Toute chose y est un rien."
Marc Le Bot L' œil du peintre, collection Le Chemin Gallimard 1982.
Photo Versus, Llança del Mar 2011.
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Comme ce texte est fort ! oui, la couleur nous happe sans qu'on y soit préparé. Soudain, ça se passe entre deux, puis trois. Une appelle l'autre, les tons se mêlent, des ambiances naissent qui mettent au monde des rages, des douceurs, des douleurs, de incertitudes. Si on les suit, on prend le risque d'entrer dans une poursuite inachevable qui demande patience et confiance. Et soudain ça sera là et bouleversant. Alors le peintre reprendra les rènes de cet attelage fou pour aller libre de toute contrainte vers sa création.
RépondreSupprimerTrès, très beau texte qui plante en nous comme un acquiessement.
J'aime ce rose tendre !
RépondreSupprimerQuand la cool heure ne vit haut le pas ...
Et je m'en vais, méditant... en couleur(s)...
RépondreSupprimer@christiane
RépondreSupprimerOn ne peut être que très sensible à votre approche tout en finesse et précision d' un vécu.
Vous êtes dans le droit fil de la réflexion de l' auteur de ce texte.
" De rien, on croit que l' on ne peut rien dire, pourtant on lui donne des noms. Les noms du rien, dans la couleur, nomment les teintes. Ces noms-là ne disent rien ou presque rien mais sont au commencement de tout." (Marc Le Bot).
C' est ce que vous résumez et formulez par une fort belle expression: "prendre les rênes".
Merci pour votre si juste regard, christiane!
@Véronica
RépondreSupprimerMéfions-nous, il existe des roses qui piquent!
A bientôt.
@le blÖg d' Ötli
RépondreSupprimerMéditer, quel beau travail sur/en soi et ce n' est certes pas mais dire!
Pousser aussi le corps dans le mouvement, et il se met brutalement dans un état d'atonie. Seul le rythme régulier du coeur bat dans les oreilles... la respiration s'est recroquevillée de peur de s'échapper...
RépondreSupprimerExiste t il maintenant, a bout, les yeux fermés le corps étrangement abandonné au sol, délié dans la souffrance qui peu à peu revient à soi...
@laurence
RépondreSupprimerChaque mode d' expression artistique à sa masse d'informations à modeler, à moduler, à bouger dans l' espace et dans le temps. Et créer son espace et son temps propres aussi.
A propos de vestale, ci dessous un petit exercice ludique (dessin animé ascii) :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=eX1kh6WxZcg
A regarder plutôt en "pur ascii" :
http://asciimator.net/asciimation/9740
(cliquer sur bouton "player", puis ">")
Bienvenue yvesT!
RépondreSupprimerPassionnant votre langage ascii et vous êtes le parfait exemple étonnant de ce que je décris dans mon commentaire juste au-dessus!
Vous créez du Henri Chopin( un précurseur) animé et démultiplié. En dehors, en plus de l' aspect ludique, me plaît énormément cette origine du signe conventionnel, essentiellement communicative que vous détournez grâce à votre langue ascii.
Bravo!
Voir Les riches heures de l' alphabet de Henri Chopin et de Paul Zumthor( je reviendrais dans un prochain message sur ces deux passionnantes personnes que j' ai connues).
http://continuo.files.wordpress.com/2010/01/hchopin-audiopoem-04.jpg
Qu importe l' espace, la couleur est infinie!
RépondreSupprimer@orfeenix
RépondreSupprimerTellement infinie que l' on peut s'y noyer dedans!?
Apologie du noir et blanc ?
RépondreSupprimerJe ne connais rien aux techniques de peinture, mais en photographie, l'absence de couleurs permet de mieux cerner le sujet tout en nuances de dégradés, l'isole dans l'espace et de l'espace et lui donne une profondeur que je trouve inégalable.
@Saravati
RépondreSupprimerCe que vous nous décrivez de l' effet photographique, nous pourrions aisément la comparer aux techniques de la gravure et de leurs applications industrielles, la photogravure, par exemple.
Mais la guerre du noir et blanc contre la couleur est au-dessus de mes forces..ou mérite un large débat!
Qu' en pensez-vous?