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samedi 22 mars 2014
André Breton n' habite plus à l' adresse indiquée
Il est question de vouloir se battre pour essayer de racheter la maison d' André Breton à Saint Cirq La Popie dans le Lot.
Mais la demeure du poète ne réside-t-elle pas essentiellement dans son œuvre?
1- Photo Versus
2- Photo d' André Breton et de Benjamin Péret à Cahors sur le pont Valentré en 1951. Claude Courtot Introduction à la lecture de Benjamin Péret - Association des amis de B. Péret, Le terrain vague éditeur 1965.
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Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSelon des sources autorisées, 770 000 euros...Mais je m' en vais me renseigner auprès de mon voisin expert immobilier pour cette zone!
SupprimerPas de jardin, extrême proximité des autres maisons, modèle médiéval certifié.
Quoiqu'il en soit la visite de saint Cirq la Popie est un régal !
RépondreSupprimerCela dépend des moments!
SupprimerEn hiver, village vide et qui respire dans l' épaisseur des murs de ses maisons, mieux que l' été, piège à touristes et amateurs de crêpes même pas quercynoises!
Rédigé par : Clopine Trouillefou | le 22 mars 2014 à 12:32 sur le blog Près, Loin de Paul Edel.
RépondreSupprimerJe suis très dubitatif, en ce qui me concerne à la possibilité de l' éclosion et de l' animation d' une Maison André Breton avec toute la lourdeur patrimoniale que cela suppose.
Même si cette maison appartient à l' histoire intime et littéraire de l' univers du poète, elle ne s' y résume pas.
Les murs ne font pas le contenu et nous le voyons avec ce fameux mur préservé tel quel à Beaubourg de son appartement de la rue Fontaine, bien plus significatif de son œuvre à bien des égards.
La maison de Saint Cirq fut la maison des passages et je peux en témoigner par le récit de certains passants encore parmi nous, Pierre Dhainaut, Alain Joubert par exemple.
La vraie question est de savoir si l' acte surréel peut être un acte mémoriel, là on peut bien en douter.
Bien à vous.
Oui, Versus, longtemps, j'ai été de votre opinion sur "les maisons des écrivains". Je les voyais comme au mieux, anecdotiques, au pire, figeant dans la poussière les vies qui s'y étaient passées.
SupprimerMais j'ai visité un jour la maison de Giono, et ce fut un tel choc (à cause des peintures, qui ont largement inspiré le dessinateur canadien qui a réalisé le film d'animation "l'homme qui plantait des arbres", à cause de la vue sur les toits, qui renvoie directos au Hussard, etc;) que j'ai changé d'opinion. On peut ressentir, dans une maison d'écrivain, les atmosphères ayant inspiré les émotions, elles-mêmes fondatrices. Je m'exprime mal mais vous voyez sans doute l'idée. Merci !
Je suis dans le doute, Clopine, seulement dans le doute.
SupprimerJe connais bien par exemple à Carcassonne la chambre de Joe Bousquet, extrêmement émouvante avec cette lampe de chevet et la pièce aux publications du poète, émotion renforcée alors que quelques années auparavant j' avais assisté à un esclandre public aux Journées de Poésie de Rodez entre une de ses très anciennes " amoureuses" et Gaston Puel.
Mais là, entre les odeurs de bouffe et les touristes à flots continus...
Michel Deguy, favorable au projet publie une revue formidable, incisive et créative sur la poésie ( j' en fus longtemps un abonné ) et je l' ai même invité pour une conférence-débat. Sera-t-il à même de fédérer un projet dans l' esprit même des idées et de l' intransigeance d' André Breton?
Toute la réussite d' un tel projet tient dans le choix exigeant de l' animateur et le financement ( privé/public?) qui veut tenir les cartes en mains pour imposer ses vues.
Connaissant un peu le contexte politico-culturel, j' en doute, hélas!
Mais j' aimerais me tromper.
Pour les curieux, l' annonce de vente immobilière, intéressante par la description photographique de la maison :
RépondreSupprimerhttp://www.patrice-besse.com/ismh/sud-ouest-perigord-dordogne-quercy-limousin-poitou/maison-andre-breton-a-vendre/
Sans être un rabat-joie, cette commune est invivable en été.
SupprimerLe bruit dans les petites ruelles médiévales jusque tard dans la nuit, la promiscuité des habitations..
C' est impeccable pour y tenir une échoppe commerciale.
Énormément d' habitants n' y demeurent pas à l' année, ils y tiennent boutique et la qualité des " produits" artistiques...parlons-en!
Le temps du " roubinaitaïre" est bien fini.
des murs... sans plus. Pour y loger des livres sur des rayonnages quelle tristesse. Bookcrossing n'est-il pas mieux? Pas de poussières.
RépondreSupprimerBzzz...
" des murs"..Il existe des photos, notamment celle du peintre Toyen sur la pierre de la grande pièce qui servait de bureau à André Breton et bien d' autres visiteurs qui faisaient vivre les lieux.
SupprimerIl faudra s' intéresser à la notion de " lieu " dans l' œuvre d' André Breton et que celle-ci, coïncide dans l' esprit qui est le sien avec l' éventuelle animation de ce lieu tout matériel et concret.
La maison d' André breton est vide depuis 1966...Nouvelle pancarte pour touristes ignares?
RépondreSupprimerRelire le poème L' Amour libre du même André Breton...
Elisa Breton est venu assez régulièrement dans cette maison après 1966.Je connais une de ses voisines de St. Cirq qui la rencontrait lors de ses séjours dans le Lot.
SupprimerJe l' ai même rencontré à Cahors, en train de regarder longuement avec un couple de ses amis la vitrine d' une Galerie ou étaient exposées des sculptures de J.V. Gironella ( dans les années 1976- 1980 ).
Mais je ne sais si elle croyait y voir le Gironella surréaliste alors que celui-là est " classé " dans l' art Brut.
Cela dit, André Breton fut à l' origine de la fondation de la Compagnie de l' Art Brut avec Jean Dubuffet, alors?
A propos de l' œuvre d' André Breton et le LIEU :
RépondreSupprimer" La question du lieu, lui est concomitante : Être dans le monde, c'est agir sur lui, mais c'est aussi être agi par lui, c'est-à-dire subir son influence.
Tout rapport au monde entraîne une modification. La relation au lieu, elle aussi, est dynamique. En transformant le lieu, en y laissant des traces, des manifestations de son passage.Le lieu n'est donc pas neutre, mais silencieusement actif. Il participe à la construction de l'être, génère des comportements, provoque des postures, des réactions. Le lieu en tant que milieu, renvoie à l'ensemble des conditions qui entourent et influencent ce qui s'y trouve, organisme, individu. Le lieu est à la fois site, espace, étendue, environnement, contexte. Il est aussi ambiance, atmosphère, climat, rythme, palpitations, odeurs, sons, sensations. Le regard que l'on porte sur le monde, de même que la perception que l'on a des choses, est lié pour partie à l'environnement dans lequel on se trouve et dans lequel on évolue. Sous son empreinte, l'homme se transforme.
Unique, le lieu est pourtant multiple, car ouvert aux ressentis, à l'investissement affectif.(la porte de l’atelier,lieu clos volontiers étouffant restait symboliquement ouverte sur la rue ,lieu du hasards objectifs et de la rencontre) ; il est élu ou résultat d'une contrainte. Lieu du désir, promesse d'une autre vie,le lieu est l'espace vécu ou fantasmé, réel ou imaginaire.
Immobile, le lieu n'est pas inerte. Il est pourvu d'une puissance spécifique. Il nous suscite. Il éveille nos sens, nos émotions. Il nous imprègne, nous habite. Il peut aussi nous bouleverser, nous troubler, nous dérouter, nous transformer. Il agit sur notre pensée et sur notre imaginaire. Le lieu détermine un rapport au monde. On ne sort pas indemne de notre relation au lieu, ou de la rencontre d'un lieu marquant. Vivre un lieu, s'immerger en lui, s'en imprégner, c'est aussi se l'approprier.
Certains lieux sont des hauts lieux. Ils prennent une dimension poétique. C'est le récepteur qui, inspiré par le lieu, lui accorde ce que Paul Valéry appelle l'état poétique. L'essentiel, selon la formule d'Hôlderlin, est sans doute d'essayer d'habiter poétiquement le monde. Ce qui conditionne la distinction entre ce Lieu Elu, Le Haut Lieu, des autres lieux, c'est la qualité, la force de ce qu'éprouvé celui qui s'y trouve. Un sentiment qui dit la fascination, un sentiment esthétique porté à une haute intensité. Comme dans la relation à une œuvre d'art, la poétique du lieu encourage à rompre avec le seuil pour vivre le lieu de l'intérieur, et accéder à ce qu'il ouvre au sentir. Être poétiquement dans le lieu, c'est aussi être pénétré, habité, animé par lui. La relation à certains lieux a parfois valeur d'initiation, voire d'épreuve. Ce sont des lieux qui nous mettent en crise. Des lieux qui perturbent, qui provoquent des remises en question décisives. Cette crise est un moment existentiel, pourquoi pas esthétique, rare. Période d'une particulière intensité. Moment qui capte l'intérêt et qui contraste avec le banal du quotidien, le sans relief du connu. Moment plein, qui peut produire un profond ébranlement. Événement unique. Moment de basculement et de renouvellement.
Dominique Berthet.André Breton Eloge De La Rencontre
Voir ce remarquable billet :
http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/andre-breton-et-surrealisme/
Apparemment, les anciens occupants ont cru profiter de l' aura de la " maison d' André Breton " pour y afficher des peintres de très mauvaise qualité du style abstrait local ampoulé, soutenus eux-mêmes par des retraités en mal de notoriété critique.
RépondreSupprimerRécupération dans l' ignoble, action de mesquins profiteurs.
Même risque de récupération dans le domaine proprement poétique, profiter de l' aura du nom d' André Breton pour nous imposer des fadaises versifiées?
Oui, un lieu tel que le surréalisme selon A. Breton le conçoit est un lieu de la rencontre :
RépondreSupprimer" La rencontre est au sens propre comme au sens figuré, un choc. C’est aussi bien la rencontre de Nadja que la découverte d’une cuillère au marché aux puces. Chaque rencontre serait une expérience décisive, imprévisible par définition, entre un sujet ouvert, réceptif et un fait. Ce fait important qui survient dans la réalité produit une sorte de déclic. Relationnel ou esthétique.
La rencontre heureuse relèverait donc d'une sorte de magie. Mais pour justifier cette idée, il faut débarrasser ce mot de la gangue dans laquelle il est enfermé.il y a un mystère de la rencontre (sans occultisme !) pour les surréalistes une rencontre n'arrive pas n'importe quand. Elle résulte d'un concours de circonstances. Elle surgit au moment opportun. Il faut que soient réunies certaines conditions et la première d'entre elles est la disponibilité à son surgissement. Ensuite, une rencontre s'accompagne d'une certaine réciprocité ; c'est cette qualité de la relation, ouvrant sur des rapports singuliers et troublants, qui débouche sur une alchimie."
( Regard éloigné, lien cité supra.)
Peut-on imaginer une telle rencontre entre la demeure d' A. Breton et le flot démentiel des touristes à la carte postale?
"Il faut convenir qu'on jouit délicieusement du beau climat dans ces cabanes de bois mort que la brise de mer pénètre dans tous les sens. Il règne là un délicieux silence, de ces silences qui font qu'on entend son âme ; on y goûte une liberté complète ; les soucis ne pénètrent pas dans ce paisible réduit."
RépondreSupprimerStendhal, Mémoires d'un touriste
Hélas, il ne s' agit en aucune manière d' un " auguste réduit " que ce site de St. Cirq Lapopie!
SupprimerBeau climat, oui.
Mais que de bruit, oui.
Et puis, si chaque touriste était un Stendhal cristallisant du haut du rocher du village...
( Il m' est arrivé de goûter hors-saison des dîners aux chandelles chez des amis à St. Cirq. A flanc de falaise, en sortie ouest du village, jolie petite demeure entre les chênes...et le corps, malgré les vêtements, mangé littéralement par les moustiques attirés par la rivière Lot en contrebas...Supplice à retardement!)
Bien à vous.
Oui, je sais. C'est un effet de contraste... Les escargots ont de la chance...
SupprimerOn en apprend des choses en lisant les commentaires ici. Autre chose que Google qui ne renseigne que les restaurants.
RépondreSupprimerLe vécu Tania, c' est quand même autre chose que le virtuel, non?
SupprimerCala dit, le vécu compte aussi pour les dégustations culinaires!
Supprimerne pas résister : Saint-Cirq-la-Popie (du surréalisme).
RépondreSupprimerBon, j'avoue : le lieu, je me sens agie par les lieux, quels qu'ils soient. Là, il semble qu'il soit un peu trop tard, si l'on en juge par votre photo. On pourrait être aux Baux de Provence, à Saint Guilhem le désert, ou à Vézelay où, malgré la foule, j'ai bien aimé voir le bureau de Romain Rolland, de même que celui de Jacques Prévert là-haut, tout au bout du Cotentin. Il est vrai que la foule, même dans les lieux les plus fréquentés, ne se précipite guère et que les maisons d'écrivain deviennent un espace de respiration. Quant à l'authenticité de ce qu'on y voit ... le souci muséographique et la dispersion inéluctable ( attachement des proches, culte des reliques, valeur marchande des objets) veillent au grain. Mais on aime à rêver, et les lieux font toujours rêver. Et puis gare à l'élitisme : tous ces gens qui se promènent, malgré les tongs (clin d'œil à un ami-qui-n'aime-pas-les-foules) et les boissons gazeuses, au final, nous en faisons aussi partie, quelque part, agis pas les lieux.
Pour St. Cirq Lapopie, c' est tout l' environnement qui agit, de la route sinueuse de Cahors jusqu' au village médiéval, le long de la rivière Lot où André Breton allait chercher des cailloux comme nous en avons le témoignage par la photographie.
SupprimerMais l' environnement proche a beaucoup changé et je pense là à St. Paul de Vence qui a changé aussi depuis le " De Saint-Paul-de-Vence d' André Verdet avec les photographies de Gilles Ehrmann et le collage de Jacques Prévert aux éditions P. Cailler en 1956...( Je le contemple en ce moment même...)
" Le paysage se balance
Dans la démarche de ton corps
Si tu l' arrêtes l' étendue
Tu la ramènes comme un châle
Avec ses ombres ses lumières
Et puis l' azur par au-dessus
Pour t' en couvrir à l' infini
(...)
André Verdet.
Il y a deux jours, rencontre d' un peintre qui habita longtemps St. Cirq...me dit qu' il ne s' y passe plus rien d' intéressant...Il a déménagé à une dizaine de kilomètres de ce point chaud à touristes.
Encore se battre ? Je croyais que la poésie, comme la musique, adoucissait les mœurs ?
RépondreSupprimerRoger
N' en sommes-nous pas encore à chasser les marchands du temple?
Supprimer( Mais qui peut se prendre encore pour Dieu ( ou prendre A. Breton pour un dieu) et accomplir un geste de folie pure?)
Merci de votre visite.
Je ne pense pas qu'André Breton eût apprécié ce genre de possible pèlerinage.
RépondreSupprimerLaissons les morts de l'immobilier enterrer (à peine perdue) les vivants de la beauté.
Belle formule en effet!
Supprimer( Merci de votre passage par ici.)
Bonjour. C'est bien gentil, mais enfin, cette maison était surtout celle d'Henri Martin, qui l'a vendue à André Breton, et qui a quand même laissé bien plus de souvenirs de St Cirq que notre poète (que j'aime, ce n'est pas la question).
RépondreSupprimerCette maison fut la demeure de l'un puis de l'autre. Les deux avaient d'autres lieux de vie - Neuilly et Marquayrol pour l'un, Paris pour le second...
SupprimerSi vous voulez nous parler des peintures d'Henri Martin, il me semble que son attention fut d' égale importance pour ce village que pour Collioure ou Labastide de Vert. ( je marche très régulièrement dans l'espace même de ses paysages de Labastide, je les reconnais...)
Pour André Breton, il y a aussi un attachement fondamental à l'intime de son œuvre ( voyez plus haut dans les commentaires) qui s'inscrit dans et autour de cette maison.
Il me semble qu'il n'y a pas de classement d'importance à établir dans ce cas.
Merci de votre visite!