paroles écrites.
— "Toutes les paroles dites durant de longues années, les cigarettes fumées, la vie gaspillée, les livres lus. Il suffit d'un signe qui réveille le souvenir, sur la table, la chaise, le rebord de la fenêtre, le lit. Quelque chose qui échappe et qui est pourtant dans l'air, la forme de tes coudes, les raccords de ton profil. Un sédiment d'heures, comme la hauteur des pluies : une mesure indiquée par un nombre trop faible pour certaines saisons torrentielles. Quelques paroles écrites."
Leonardo Sinisgalli Horror vacui, traduction de Jean-Yves Masson Arfuyen éditeur 1995.
..."les raccords de ton profil"
RépondreSupprimercela me plait,pourquoi je n'en sais rien.
Bonne suite.
Peut-être est-ce la marque unifiée des désaccords, des cassures de la vie qu'il entrevoit dans une ligne continue mais raccordée par le temps passé?
SupprimerBelle image en tout cas qui me plait à moi aussi!
"Le signe qui réveille le souvenir"; nous avions la madeleine de PROUST...
RépondreSupprimerEt ces signes se trouvent "rejoués" dans les raccords du profil, ce temps affectif et mental de la vie du poète..
Supprimerchissà se davvero la scrittura conserva i ricordi. Penso che, piuttosto, consenta a tutti di vivere in una zona neutra, dove passato e presente personali si confondono.
RépondreSupprimerCiao!
Oui, giacy.nta, Sinisgalli nous parle de "sédiment", de "mesure".
SupprimerN'est-ce pas faire signe, vibrer sur une corde tendue vers le futur, vers ce qui adviendra de ce "souvenir"? C'est d'une musique dont il s'agit, les mots battent la "mesure", par ces " raccords" sur une portée qu'est toute vie..
Pour ceux que cela intéresse, ici l'annonce de la dernière traduction disponible en bilingue de Vidi le Muse- J'ai vu les Muses aux éditions Arfuyen :
http://www.arfuyen.fr/html/fichelivre.asp?id_livre=406
Et encore, ici, la biographie de Leonardo Sinisgalli:
http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1144
A bientôt giacy.nta!
Bonjour de Rio de Janeiro!
RépondreSupprimerJ'ai visité votre blog avec beaucoup d’émotion et curiosité! Les images et vos textes sont superbes. Mes félicitations! Je vais fortement le recommander à mes amis brésiliens, qui sont comme moi, de bons élèves de l’Alliance Française à Copacabana. J'étais en France, invité par le M. le Maire de la ville d'Angers au Pays de la Loire en reconnaissance pour mon polar de succès au Brésil qui se passe en Angers. J’espère vous recevoir à mon blog avec plusieurs pages traduites en français. Je serais ravi de votre visite et je vos remercie d’avance.
Voilà des encouragements que l'on ne peut refuser..tellement enthousiastes et..exotiques!
SupprimerMerci de votre passage et à bientôt!
Un sédiment d'heures...quelle jolie expression! une belle strate de vie !
RépondreSupprimerIl y a l'idée d'accumulation, le sens des ajouts successifs d'un reste que l'on peut percevoir dans son unité même.
SupprimerEcrites, colorées... faites pour rester !
SupprimerLes écrits restent...pas toujours!
SupprimerQuelques paroles écrites
RépondreSupprimerquelques non-regrets
quelques non-dits
quelques histoires sans paroles
bonne soirée
Comme un oasis...
SupprimerDésert de la nuit.
Bien à vous.
On a beau parler d'oubli, il n'existe jamais tout à fait, il est fait de petites plumes qu'on a cru voir s'envoler un jour après y avoir travaillé d'arrache-pied.
RépondreSupprimerMais il suffit d'un rien, un regard, une ressemblance, une parole dans l'écho.
Nous ne sommes pas des ordinateurs dont on peut effacer la mémoire ...
On oublie d'oublier...?
SupprimerDu dit et de l'écrit, et des stratigraphies qui parfois s'inversent entre l'un et l'autre, papiers déchirés, lettres brûlés, livres au pilon, et paroles qui jamais ne s'envolent de la memoire
RépondreSupprimerComme une main aveugle qui nous fait toucher le temps.
Supprimer"Parce que nous oublions les choses et non les mots, l'écriture peut donner forme à l'oublié.(...) L'écriture croise l'oubli des choses et la mémoire des mots, mais cette mémoire-là est liée à un exercice qui fait des mots la sueur de leur oubli."
RépondreSupprimer(Le Livre de l'oubli - Bernard Noël -P.O.L.)
Comme ils savent, ces deux poètes, dirent l'inconnu qui se cache au fond de l'oubli. L'écriture le fait revenir comme une intimité limpide...
Merci à la grande lectrice que vous êtes, christiane, de nous donner à lire cette très fine et très juste pensée de Bernard Noël!
SupprimerL'oubli laisse des traces à notre insu, à l'insu même de l’événement oublié...
Nos mnémotechnies ne peuvent rien à ces "paroles écrites"!
Bien à vous.
Méditation prolongée sur 3 phrases et un clin d'oeil pour ce tag qui "estampille" la boite à lettres.
RépondreSupprimerIl me vient à l'esprit ce texte de M. Duras "Ecrire", vous l'avez lu bien sûr !
Oui, j'ai lu un peu M. Duras. Mais elle n'est pas dans la liste de mes écrivains préférés.
SupprimerN'a-telle pas écrit :
"Écrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit."?
Dans le genre, langage tangage(Leiris)et ce qui ne dit mot consent...
RépondreSupprimer" Le soupçon salutaire à l'égard du langage que Nietzsche nous procure, malgré la dénonciation ambiguë de la « grammaire », vise le plus souvent la part excessive, non surveillée, faite aux mots isolés : « Partout où les hommes plaçaient un mot, ils croyaient avoir fait une découverte... ils avaient effleuré un problème. » Mais n'est-ce pas déjà beaucoup? Et quand il accuse les « mots pétrifiés, éternisés », c'est qu'il veut en revenir au langage comme dialectique ou encore à un mouvement d'arrachement, de dérangement ou d'ex-termination qui est à l'œuvre dans la parole, ce que déjà Humboldt évoquait vaguement en nommant le dynamisme spirituel du langage, sa médiation infinie. Aujourd'hui, les linguistes répondraient très facilement à Nietzsche. Et pourtant le soupçon, tout en changeant de forme, n'est
pas apaisé.
Autre grief de Nietzsche, formulé d'une manière surprenante : « Nous n'aurions de mots que pour les états extrêmes » — joie, douleur —, manquant la grisaille, l'iné-
prouvé, l'en-dessous de la vie qui est le devenir du vivre. On peut dire le contraire : que nous n'avons pas de mots pour l'extrême, que l'éblouissement, la douleur fait brûler tout vocable et le rend muet (paradoxe de l'étymologie : si « éblouissement » est en rapport avec l'allemand blôde qui signifie d'abord « faible », puis « à la vue faible », nous sommes étonnés que l'excès de lumière, celle qui aveugle, ait à se dire à partir d'une myopie, d'un déficit de l'œil — ce qui attire dans l'étymologie, c'est sa part de déraison plus que ce qu'elle explique, la forme d'énigme qu'elle préserve ou redouble en déchiffrant). Mais Nietzsche ne remarque-1-il pas seulement, comme plus tard Bergson, que les mots ne conviennent qu'à une analyse grossière, celle de l'entendement (« extrême » voulant dire : ce qui est évident, caractérisé)? Là encore le soupçon ne soupçonne pas assez "
Maurice Blanchot
L'écriture du désastre, Gallimard.
Jean-Patrick.
de givre et de feu
RépondreSupprimerBel oxymore!
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