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jeudi 2 décembre 2010

Jusqu' au dernier tableau

" La reconnaissance est un processus véritablement abstrait. Qui nous reconnaît ? Savons - nous qu' on nous reconnaît ? Dans quel but ? En avons - nous la certitude ? La reconnaissance se mesure t - elle comme s' il s' agissait d' un championnat en hauteur ? Qu' est -ce qui nous pousse à passer des journées à peindre et dessiner ? D' une certaine façon c' est une damnation parce que finalement on est enchaîné à cette praxis, on ne peut pas s' imaginer ne pas continuer jusqu' à la fin. Dans un film de Sacha Guitry à propos d' une des célébrités  française de  l' époque, on voit Renoir en train de peindre un tableau avec l' aide de son fils . Sa main est attachée au pinceau par des courroies parce qu' il n' a plus assez de force pour saisir son outil : c' est cela être peintre. On ne sait pas pourquoi on est devenu peintre mais on sait qu' on sera peintre à vie .Ca peut avoir l' air naïf, mais je suis convaincu  que le peintre doit être considéré comme tel depuis son premier tableau jusqu' à son dernier et non en fonction des moments qui conviennent à telle ou telle époque pour soutenir une quelconque logique artistique . Le peintre est un tout sinon ça ne vaudrait pas la peine de continuer ."

Eduardo Arroyo Minutes d' un testament, Grasset Editeur.

11 commentaires:

  1. Dieu (si il existe) reconnaîtra les siens… peut-être…

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  2. TG,
    je sais à vous lire régulièrement que vous irez jusqu' à la fin...avec vos pinceaux, à la dernière toile. Et je ne parle pas de celle où je m' exprime maintenant.Rien ne vaut le contact direct avec les tableaux, les peintres.C' est mon plus grand plaisir depuis longtemps et je suis encore jeune!
    A bientôt et bonne journée.

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  3. J'ai vu ce petit film muet de Guitry lors de l'expo au Grand-Palais l'an dernier. Fascinant.
    L'admiration de Sacha pour Renoir est palpable.
    Le vieux regard de Renoir, à la fois passionné et moqueur.
    Il y a aussi ces moments drolatiques quand Renoir "pose" le pinceau et immédiatement "prend" une cigarette dans ses doigts déformés.

    Sur un mur de l'expo je me souviens avoir lu une citation du peintre qui en gros disait qu'il n'y avait pas eu un seul jour dans sa longue vie sans qu'il ait pris son pinceau et travaillé à sa peinture.

    ps - Je n'ai pas résisté à l'envie de revoir le petit film de Guity.
    Sur youtube il y a ce montage fait par le cinéaste bien des années plus tard, où il a rajouté son propre commentaire :
    http://www.youtube.com/watch?v=v3ZjfK9uYDY

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  4. comme disait Pablo quand on peint on cherche! mais trouve-ton ?...c'est une quête donc! faire passer une idée...la nécessité absolue de la faire passer...capter l'invisible!tout un art! douloureux...

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  5. Quelle chance d' habiter Paris Tilly ! La plus grande concentration d' expositions de France.J' en ai profité jusqu' à la fin de mes études universitaires.Et de temps en temps cela me manque... Mais la décentralisation progresse ( doucement ). J' aime cependant les musées de province, on y trouve des pépites et pas de file d' attente !
    A tout bientôt sur votre blog.

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  6. La question de l' invisible en art, comme vous l' exprimez Gwendoline est une " grosse " question. Et ce n' est pas l' ancien étudiant en esthétique que j' ai été qui va vous la résumer en quelques lignes ici...Sinon dire qu' elle a déterminé notre façon de " voir " depuis le huitième siècle ( en occident, je précise )avec la fameuse question de l' iconoclasme et son corollaire l' iconodoulie. Mais on pourra revenir sur le sujet !
    Bonne journée!

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  7. L' iconodoule,terme d' origine grec,détermine celui qui est pour le culte des images et qui le favorise.En 754, concile iconoclaste (oeucuménique ) de Hiéreia ; interdiction de la fabrication et du culte des images dans tout l' empire. 787, concile iconodoule (oeucuménique) de Nicée ;obligation de placer des images dans des lieux publics et de leur rendre un culte.815, concile iconoclaste(local) de Constantinople ; interdiction des images.11 Mars 843, triomphe de l' orthodoxie. Rétablissement définitif des images.L' image comme lutte du pouvoir économique et politique...D' où la frappe systématique de monnaies faciales par le pouvoir impérial pour contrecarrer le pouvoir de l' église.Beaucoup de questionnements théologiques et philosophiques s' ensuivirent.Notamment, quelle est la force de pouvoir de l' invisiblité symbolique de toute image.Voir les travaux de M.J. Mondzain(sur le net) qui fut ma prof à la Sorbonne et le Dictionnaire Mondial des images, Ed. nouveau monde.
    Est-ce que ça vous va Gwendoline ?
    Italien d' origine, je préfère "non capisco" plutôt que votre fantaisiste terme touristique!
    Mais j' ai compris quand même.Ciao.

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  8. oui...mon italien est un peu approximatif! mais je l'utilise sans complexe( même en Italie)...pffffff ! j'ai honte d'avoir oublié ce concile de Nicée ( étudiante & diplômée en histoire de l'art...)merci de rééclairer ma lanterne!!

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  9. D'après ce que j'ai entendu, l'attitude de "peindre à tout prix" de Renoir, serait moins romantique, mais guidée, par des membres de sa famille, qui avaient bien compris qu'avec Pierre auguste... c'était un filon d'or qu'il convenait d'EXPLOITER jusqu'à la moindre trace, serait-elle celle d'un infirme..

    et il est un fait que "enchaîné à cette praxis"... Renoir à la fin de sa vie a été diminué et la qualité de ses productions a suivi le même chemin...
    Tout le monde n'est pas Matisse ou Mingus, devant les mêmes situations

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  10. Vous avez de la chance d' être dans la confidence pour Renoir !
    Pour Matisse, j' ai eu la chance de connaître un sculpteur qui l' a quelques temps assisté pour ses découpages ( et qui lui restaura une commode ! )sorti des Beaux arts avec César mais qui n' a pas connu le succès et qui déroula sa carrière en tant que restaurateur de sculptures et de tableaux.

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