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mardi 2 novembre 2010

La région des fêtes nocturnes

Elle avait ses limites et ses frontières,ses lois et ses statuts,et c'est tout juste si les douaniers pleins de zèle ne veillaient à ses portes pour vous demander si vous n'aviez rien à déclarer.Au bord de cette ineffable région le trafic de la grande ville s'arrêtait;c'était là que le mouvement convulsif des véhicules,le va- et- vient des piétons affairés venaient enfin mourir comme l'onde meurt sur la plage.Le bonheur a ses droits,voilà ce qu'en lettres lumineuses on voyait écrit sur la porte principale construite au milieu d'un vaste arc de triomphe sur lequel des femmes sculptées dans le bois et peintes de couleurs douces et éclatantes soufflaient comme des tritons têtus dans les clairons longs de la renommée.Les forteresses qui s'érigeaient à côté,les asiles de ceux que la fortune néglige mais que la gratitude et la bonté des hommes n'oublient pas,veillaient seuls dans l'ombre;leurs voûtes solennelles se taisaient dans la paix profonde qu'exige le repos;l'heure était avancée dans la nuit obscure;le monde dormait enseveli dans une immense tranquillité,et,tout comme lui,la tempête qui agitait le coeur troublé d'Hebdomeros,semblait enfin apaisée.

Giorgio De Chirico. 

2 commentaires:

  1. je connaissais ses peintures! mais pas ses écrits!!

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  2. Et oui,De Chirico était aussi écrivain,comme son frère Alberto Savinio écrivain était peintre.Il faut aussi lire le très beau texte de Roger Vitrac concernant sa peinture et intitulé:"Cruauté de la nuit"paru en 1927.

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