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mardi 25 novembre 2014

U, donc!


En hommage à Bernard Heidsieck





La lettre U, extrait de LES RICHES HEURES DE L' ALPHABET de Henri Chopin et Paul Zumthor édition Traversière 1992

La poésie sonore phare de Bernard Heidsieck, VADUZ.

10 commentaires:

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    1. Remuer les mandibules, c' est un cas mon cher Joseph !

      https://www.youtube.com/watch?v=xVmfRgL9HS4

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  2. Réponses
    1. Grande passerelle en effet, puisque tout conduit à Vaduz!
      :)

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  3. Je ne sais pourquoi, mais là, tout de suite, la vision d'un urubu me vient... Et celle d'un U bleu... pour faire écho aux chansons de Marcel Amont... qui font partie de mes souvenirs d'enfance aussi ;))

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    1. Chanson proche de ce que l' on nomme poésie sonore.

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  4. Avec encore pour mémoire, cette présentation de 1979 par son ami Henri Chopin :
    » « II y a le ferment des saisons à rendre. Tous les portails à basculer. Pour atteindre enfin le plain-chant à portée de voix. Et saisir le vol des mots…»
    Bernard Heidsieck, Sitôt Dit.

    Bernard Heidsieck n’éprouva aucun repentir à choisir le monde sonore, il n’est pas devenu écrivain comme l’est devenu Gysin, n’a pas fait le passage (ou l’alternance) entre l’écrit et le so­nore comme je le fais, ne torture pas la langue à la manière de Dufrêne.
    Il est entièrement en symbiose avec le magnétophone. Cette position très ferme au départ restera étrangère à Dufrêne qui, n’étant pas directement concerné, ne mentionnera que :
    «… notre ami Heidsieck, auquel Gérald Gassiot-Talabot consacre quelques pages dans la revue Opus… ».
    Pourtant ce langage sémantique a d’autres répercussions aux Etats-Unis quand on connaît les bouleversements écrits de Gysin et de W. Burroughs, qui, l’un et l’autre, ont publié avec Heidsieck. Ce poète, attiré par les démarches américaines — qu’il a précédées — nous incite, par comparaison, à donner ce passage susceptible d’éclairer quelques recherches des deux Américains, que le critique Gérard-Georges Lemaire résume ainsi :
    « La découverte des « cuts-ups », forme systématique et mécanique du collage, allait accélérer ce processus de déconstruction et permettre à l’écriture de rattraper son retard sur la peinture, et aussi développer une réflexion sur le langage et inventer un genre romanesque sans précédent ».(Œuvre Croisée, Flammarion Paris 1976).
    Or, la « déconstruction », le « retard sur la peinture », ce sont d’abord des conséquences des découvertes d’Heidsieck qui surmontent le retard en question, dès l’instant où il « malaxe » le français pour lui donner des projections sonores multipliées. Le « processus de déconstruc­tion », mais aussi de (re)construction vient, après Heidsieck, enrichir le français.
    Tous ses poèmes sont en français, presque toujours dans un maintenant social à faire. Pre­nant appui sur la France et ses remuements d’après-guerre, il fait éclater ce « noyau » et assiste aux meetings internationaux même politiques, peut-être en raison de ses études à Sciences-Po, qu’il transcende avec une ironie froide et constante.
    C’est là un départ. Un autre, plus important pour ce livre, c’est sa voix étonnante. Elle connaît ses multiples timbres. Elle sait choisir des mots-forces indispensables. Il y aurait toute une étude à faire à propos d’un vocabulaire qui de rien s’enrichit par les superpositions électro­niques. Le mot ou la phrase simple créent un climat jamais emphatique, mais que la voix crisse dans les puissances d’une diction très articulée, parfois même volontairement mécanique.
    .../...

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  5. .../...
    Son langage est fait d’élipses, de quartiers, de brisures, d’exclamations, de coupures… Fidèle à son Sitôt Dit dont on a reproduit des extraits, les phrases sont brèves, ou plutôt incisives. Elles sont tranchantes, un fil de rasoir.
    Derrière ces phrases, on ne discerne aucun retour vers un passé quel qu’il soit. Il n’y a aucune référence.
    A son propos j’ai dressé le tableau suivant :
    « les religions : pas de trace la caresse charnelle des mots : sans intérêt
    le dyonisiaque : oh ! les compliments : nil ! les masturbations : hi hi !»
    la métaphysique : néant, c’est une conséquence l’Apollonisme : ah !

    la philosophie : nulle, et pour quoi faire les bavardages : (envie de prendre le mot pa­labre mais dans le sens français) : jamais.
    Heidsieck est le poète le plus extérieur à lui-même dans son œuvre. Le monde est devant lui, il le prend, joue avec, le dirige. Le poème sera dès ses départs hors du poète. Heidsieck nous confirme ses choix depuis plus de vingt ans. Je connais depuis 1962 ce qu’il imprime en 1975 :
    «Le poème est essentiellement édification, rassemblement et/ou éclatement de soi… et du reste. Un éclairage, une cicatrice, une faille ouverte sur… sur… sur tout, tout, tout sauf lui-même, de grâce, pitié, de l’air, qu’il soit action, et non cette sempiternelle réflexion de/ou sur lui-même ; qu’il cesse enfin , de se… de se… qu’il remue, circule, vire, bouge, agisse au lieu de…avant de…se complaire à sa propre image.[...]
    Henri Chopin in Poésie sonore internationale Jean Michel Place éditeur 1979.

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