Joie de retrouver "Les Passantes" d'Antoine Pol (1918) chantée si merveilleusement par Brassens qui découvrit ce poème chez un bouquiniste - (très proche de celui de Nerval dans "Une allée au Luxembourg" : "Elle a passé la jeune fille...".) Vous aussi étiez un passant... J'aime la photo dans le parc et les livres. Passage... irréversibilité... L'ombre de Flaubert, aussi : "Elle était assise au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux..." (L'Education sentimentale") Il s'arrête et Frédéric rencontre Madame Arnoux. Il passe et ...pas de roman !
La passante, Christiane, c'était elle, cette jolie fille avec son sac à dos et le bouquet de lavande fraîche fixé dessus! Avec cette double ceinture noire contenant certainement l' essentiel pour les nécessités de la route et lui entourant le haut des cuisses et la taille. Ses cheveux blond débordant en cascade d'un chapeau de paille orné d'une marguerite et le buste rose fluo pour se signaler à l' agressivité potentielle des fous de la route. Une apparition, quoi! Cela ne m'a pas laissé indifférent... Je ne connais pas son nom, je ne la connais pas, juste lui ai-je donné le nom du blog et demandé l' autorisation de publier cette photo... Dois-je vous dire que cela m' émeut encore à penser à ces trois secondes d' abandon, le temps de prendre la photographie? On peut comprendre après un instant comme celui-là qu' un écrivain ou un poète veuille le prolonger par l' écriture! Ne croyez-vous pas?
Comme dans la chanson interprétée par Georges Brassens, Christiane, je ne connaitrai jamais ( nous ne connaitrons jamais) cette jeune femme... Et on aimerait tellement savoir qui elle est derrière cette esquisse de sourire d'acceptation de la vie! ( Clic gauche sur l'image puis clic droit sur "afficher l'image" et vous pouvez ainsi voir les détails de son sourire...) Le chapelet aussi qu'elle porte autour du coup et la médaille de St. Jacques..et ne jamais voir son regard derrière ses lunettes protectrices...!
Deux amis : Jalel El Gharbi et Giulio-Enrico Pisani ont créé un livre qui rassemble des textes (surtout des poèmes) de toutes époques sur ce thème : "Des passantes et des passants - Désirer et être désiré(e)" (aux éditions Op der Lay). Une balade fascinante... dont un de Victor Hugo mis en musique récemment par Françoise Hardy : "Si vous n'avez rien à me dire,/Pourquoi venir auprès de moi ?/ pourquoi me faire ce sourire / Qui tournerait la tête d'un roi ?..."
Dois-je vous dire encore, Elfi, ( vous m'avez fait rire ) qu'entre cette jeune femme à peine trentenaire et son "faute aux graphes" il faut ajouter quelque trente années supplémentaires..! ...Et restons encore quelques instants avec Henri Tachan :
http://www.youtube.com/watch?v=6nLXgS9dO8o Belle soirée!
Il paraît qu'il y a 1001 façons d’accomplir le chemin de St. Jacques de Compostelle, orfeenix. Un but religieux, touristique, initiatique , de visite architecturale, ascétique ou sportif..( je dois oublier quelques autres motivations..) et quelquefois, tout cela à la fois? J'en vois passer ici de toutes les générations. ( Bon je vous rassure, cette pèlerine était tout à fait sérieuse et sympathique,... tout autant que moi, d'ailleurs!)
Remarquez les têtes de nounours sur son téléphone cellulaire Bourdon... Avoir eu un (le) ticket? Je ne sais pas mais ce mélange de professionnalisme ( l'équipement et j'imagine toute la préparation matérielle et psychologique à ce voyage) mêlé à une certaine candeur, une retenue d'attitude mêlée à une tenue presque "sexy", ce n'est pas le moindre des paradoxes de notre époque!
une appréciation personnelle sur le "sexy",moins on en voit plus cela est. C'est un regard,une lèvre à croquer,enfin bref les minettes peuvent aller se rhabiller.
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit! — Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?
Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!
En passant... dans le livre cité plus haut "des passantes et des passants - Désirer être désiré(e)", ce poème un rien misogyne de Charles Bukowski (extrait de "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines"), juste un siècle après "La passante" de Baudelaire. lolita... Celui-ci va à contresens, anticonformiste. Écriture du désir qui demande à la passante de ne surtout pas s'arrêter...
"Supplique à une jeune passante"
"Fille en short, qui ronge tes ongles en tortillant du cul, les garçons te regardent - tu as plus d'importance, semble-t-il, que Gauguin ou Brahmâ ou Balzac, plus, en tout cas, que les crânes qui nagent à nos pieds, ta démarche hautaine brise la tour Eiffel, fait tourner les têtes des vieux vendeurs de journaux à la sexualité éteinte depuis longtemps ; tes bêtises réfrénées, ta danse de l'idiote, tes grimaces délicieuses - ne lave jamais tes sous-vêtements sales, ne chasse jamais tes actes d'amour à travers les allées résidentielles - ne nous gâche pas ça en accumulant kilos et fatigue, en acceptant la télévision et un mari gnangnan ; n'abandonne jamais ce déhanchement maladroit et inapte pour arroser la pelouse le samedi - ne nous renvoie pas à Balzac ou à l'introspection ou à Paris ou au vin, ne nous renvoie pas à l'incubation de nos doutes ou au souvenir du frétillement de la mort, salope, affole-nous d'amour et de faim, garde les requins, les requins sanglants loin du cœur."
On est loin du romantisme... et près de Léo Ferré ou de Serge Gainsbourg !
Christiane, c'est avant tout du " je suis contre mais tout contre ", non? Quand aux filles elles sont pratiquement toutes en short, c'est la mode! ( J'ai la preuve photographique pour un prochain message, promis!) Et j'ai pu prendre ma photo en lui parlant de son short, à notre belle passante. Short très "british", vous en conviendrez...
Cela n'a aucun rapport avec votre photo et votre rencontre mais certainement avec Baudelaire ou encore Michel Leiris (L'Age d'homme). Comme l'Holopherne qu'il dit être, écartelé entre Lucrèce, la chaste, et Judith, la tentatrice. Il me semble que votre blog est assez fort pour accueillir la complexité de l'âme humaine et des désirs.
Il est bon de rencontrer dans l'écriture ces faces cachées de l'être humain. La beauté sans la laideur, sans les ... ornières , ne serait qu'une écorce vide. Ce combat Saint-Augustin et tant d'autres l'ont vécu. Des correspondances d'écrivains nous révèlent ce langage cru dont ils avaient besoin pour aimer, sans honte, sans inhibition, dans l'intimité. Une chape de bienséance judéo-chrétienne a longtemps censuré l'expression de la jouissance et du désir. Ce poème qui se veut choquant répond à cela comme une provocation et c'est... tonique !Le sentiment de soi, comme l'écrit Boris Cyrulnik, de honte ou de fierté dépend de la place que nous donnent les représentations collectives." Il faut ceux qui osent dire et ceux qui osent entendre...
"On a tous un jardin secret, Un petit jardin des délices Où l'on se cache pour arroser Parmi nos fleurs, nos immondices... Là, c'est une fille de joie Qui fait les cent pas dans ta tête, Un carré de bitume froid Qui te réchauffe comme une fête, C'est un visage pâle de morte Sur l'oreiller taché du vice, Le défendu derrière la porte, La touffe offerte en haut des cuisses...
On a tous un jardin secret, Un petit jardin des supplices Où l'on se cache pour arroser Parmi nos fleurs, nos immondices... L'adolescente que je couve Des yeux du démon de Midi. Avant qu'elle ne devienne louve, Je voudrais téter la brebis, La petite fille défendue Qui sent le savon et l'urine, La Lolita au coin d'la rue Qui croque un bout de mandarine...
On a tous un jardin secret, Un petit jardin en coulisse, Où l'on se cache pour arroser Parmi nos fleurs, nos immondices... C'est vous, Saintetés, Présidents, Grandes familles, Bourgeois imberbes, Qui arrachez depuis longtemps Dans les jardins, la "mauvaise herbe", Tartufes, hypocrites, curés, Ils croulent, vos murs du silence, Sous des rideaux de lierre serré, Sous des parterres d'orties qui dansent...
Qu'un jour, tous nos jardins secrets Redevenus publics, fleurissent D'humbles chardons et d'orchidées, De lilas bleus et d'immondices ! Qu'un jour, tous nos jardins secrets Redevenus publics, fleurissent D'humbles chardons et d'orchidées, De lilas bleus et d'immondices !"
Vous abordez là un vaste débat Christiane! Le jouir sans entrave ( des paroles et des actes) me semble tout autant coercitif et restreignant que le monde de la forclusion morale ou religieuse. Le fléau de la bienpensance penche de tous les côtés.En art, dans les mœurs politiques et sociétaux. C'est ce que nous dit Henri Tachan dans sa chanson mise en ligne supra, " On a tous un jardin secret"... fait de rose et d'immondices. Mais c'est un débat digne d' intérêt.
J' apprécie votre vista Dominique Autrou, celle que l'on retrouve dans votre propre univers photographique. Quinze minutes, cela peut suffire à bouleverser le monde, non? Bien à vous.
Brassens, Nerval, Baudelaire, Flaubert, Bukowski, Tachan... deux images, une accroche et voilà, nous naviguons les uns les autres, les uns vers les autres, nous enrichissons (enfin, moi vous m'enrichissez). Voici que vous m'évoquez le "Colloque sentimental".
C'est vrai, Frederique, qu'après tous ces noms lâchés dans les commentaires j'ai dû moi-même, je l'avoue ici publiquement, aller voir la définition du " coussin berlinois" de l'ami Dominique.
Alors que je pensais à une quelconque turpitude et m'attendais au pire, voilà que je suis parti à la recherche du "Colloque sentimental" et boum, le précipice de l'amour impossible! Vous me cassez le moral mais suis tout de même content de vous lire ce soir. A bientôt! ;)
Le moral? On mesure la distance du but que l'on veut atteindre, on prend sa respiration, on saute les obstacles des mots, on tutoie les haies de la syntaxe, c'est du sport aussi, Frederique, non?
Quelle belle journée, ici. Tout ce qui s'est dit, tout ce qui s'est tu. tous les souvenirs... Une seule photo a suffi. Avant que la nuit efface le jour cette odelette de Gérard de Nerval. c'est "une allée au Luxembourg"...
"Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau À la main une fleur qui brille, À la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D’un seul regard l’éclaircirait !
Mais non, – ma jeunesse est finie … Adieu, doux rayon qui m’as lui, - Parfum, jeune fille, harmonie… Le bonheur passait, – il a fui !"
Joie de retrouver "Les Passantes" d'Antoine Pol (1918) chantée si merveilleusement par Brassens qui découvrit ce poème chez un bouquiniste - (très proche de celui de Nerval dans "Une allée au Luxembourg" : "Elle a passé la jeune fille...".)
RépondreSupprimerVous aussi étiez un passant...
J'aime la photo dans le parc et les livres.
Passage... irréversibilité...
L'ombre de Flaubert, aussi :
"Elle était assise au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux..." (L'Education sentimentale")
Il s'arrête et Frédéric rencontre Madame Arnoux. Il passe et ...pas de roman !
La passante, Christiane, c'était elle, cette jolie fille avec son sac à dos et le bouquet de lavande fraîche fixé dessus!
SupprimerAvec cette double ceinture noire contenant certainement l' essentiel pour les nécessités de la route et lui entourant le haut des cuisses et la taille.
Ses cheveux blond débordant en cascade d'un chapeau de paille orné d'une marguerite et le buste rose fluo pour se signaler à l' agressivité potentielle des fous de la route.
Une apparition, quoi!
Cela ne m'a pas laissé indifférent...
Je ne connais pas son nom, je ne la connais pas, juste lui ai-je donné le nom du blog et demandé l' autorisation de publier cette photo...
Dois-je vous dire que cela m' émeut encore à penser à ces trois secondes d' abandon, le temps de prendre la photographie?
On peut comprendre après un instant comme celui-là qu' un écrivain ou un poète veuille le prolonger par l' écriture!
Ne croyez-vous pas?
Bien sûr !
RépondreSupprimerComme dans la chanson interprétée par Georges Brassens, Christiane, je ne connaitrai jamais ( nous ne connaitrons jamais) cette jeune femme...
SupprimerEt on aimerait tellement savoir qui elle est derrière cette esquisse de sourire d'acceptation de la vie!
( Clic gauche sur l'image puis clic droit sur "afficher l'image" et vous pouvez ainsi voir les détails de son sourire...)
Le chapelet aussi qu'elle porte autour du coup et la médaille de St. Jacques..et ne jamais voir son regard derrière ses lunettes protectrices...!
Deux amis : Jalel El Gharbi et Giulio-Enrico Pisani ont créé un livre qui rassemble des textes (surtout des poèmes) de toutes époques sur ce thème : "Des passantes et des passants - Désirer et être désiré(e)" (aux éditions Op der Lay). Une balade fascinante... dont un de Victor Hugo mis en musique récemment par Françoise Hardy : "Si vous n'avez rien à me dire,/Pourquoi venir auprès de moi ?/ pourquoi me faire ce sourire / Qui tournerait la tête d'un roi ?..."
SupprimerBelles références, Christiane, merci à vous!
SupprimerDésirer et être désiré, ce n'est même et surtout pas une question d' âge!
nous sommes des passantes de cette vie.. il y a les jolies ..et les autres... :))
RépondreSupprimerPas du tout Elfi!
SupprimerQu'est-ce la beauté?
J'ai hésité à mettre en illustration musicale cette chanson d' Henri Tachan,
toutes les femmes sont belles!
http://www.youtube.com/watch?v=_U8yZhAkGXw
Dois-je vous dire encore, Elfi, ( vous m'avez fait rire ) qu'entre cette jeune femme à peine trentenaire et son "faute aux graphes" il faut ajouter quelque trente années supplémentaires..!
Supprimer...Et restons encore quelques instants avec Henri Tachan :
http://www.youtube.com/watch?v=6nLXgS9dO8o
Belle soirée!
J' avais une autre image des pèlerins!
RépondreSupprimerIl paraît qu'il y a 1001 façons d’accomplir le chemin de St. Jacques de Compostelle, orfeenix.
SupprimerUn but religieux, touristique, initiatique , de visite architecturale, ascétique ou sportif..( je dois oublier quelques autres motivations..) et quelquefois, tout cela à la fois?
J'en vois passer ici de toutes les générations.
( Bon je vous rassure, cette pèlerine était tout à fait sérieuse et sympathique,... tout autant que moi, d'ailleurs!)
"Chères images aperçues
RépondreSupprimerEspérances d´un jour déçues
Vous serez dans l´oubli demain"
Oui, mais là, il n' y pas photo Bourdon, la photo est prise!
SupprimerEst-ce que la photo est bonne, là, c'est une autre histoire...
http://www.dailymotion.com/video/x7m989_si-la-photo-est-bonne-barbara-1967_music
aviez-vous un ticket,que composte-t-elle?
Supprimerpour laisser shell?
(je ne revendique aucune compétence en photographie)
Remarquez les têtes de nounours sur son téléphone cellulaire Bourdon...
SupprimerAvoir eu un (le) ticket? Je ne sais pas mais ce mélange de professionnalisme ( l'équipement et j'imagine toute la préparation matérielle et psychologique à ce voyage) mêlé à une certaine candeur, une retenue d'attitude mêlée à une tenue presque "sexy", ce n'est pas le moindre des paradoxes de notre époque!
une appréciation personnelle sur le "sexy",moins on en voit plus cela est.
SupprimerC'est un regard,une lèvre à croquer,enfin bref les minettes peuvent aller se rhabiller.
http://www.youtube.com/watch?v=-RnrU790-C4
SupprimerJe vous imagine tout comme lui...
Hou là, son excès slave me désole!
SupprimerPas Gainsbourg pour un sou, non.
C'était pour le bourdon masqué !
Supprimer@le bourdon masqué dimanche, 18 août, 2013
SupprimerEt le côté Lolita, juste un peu, Bourdon?
Les croqueuses de vie?
Deux idées en passant :
RépondreSupprimerLa prise en passant au jeu d'échecs et la passante de Ch. Baudelaire.
http://www.youtube.com/watch?v=KvMy51MYojc
@+
Sublime poème et magistrale mise en musique, Bleu!
SupprimerComment être "passé à côté" de Baudelaire!
Merci!
XCIII
RépondreSupprimerÀ UNE PASSANTE
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit! — Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?
Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!
Charles Baudelaire Les fleurs du mal.
En passant... dans le livre cité plus haut "des passantes et des passants - Désirer être désiré(e)", ce poème un rien misogyne de Charles Bukowski (extrait de "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines"), juste un siècle après "La passante" de Baudelaire. lolita... Celui-ci va à contresens, anticonformiste. Écriture du désir qui demande à la passante de ne surtout pas s'arrêter...
RépondreSupprimer"Supplique à une jeune passante"
"Fille en short, qui ronge tes ongles en tortillant du cul,
les garçons te regardent - tu as plus d'importance, semble-t-il,
que Gauguin ou Brahmâ ou Balzac,
plus, en tout cas, que les crânes qui nagent à nos pieds,
ta démarche hautaine brise la tour Eiffel,
fait tourner les têtes des vieux vendeurs de journaux à la sexualité éteinte depuis longtemps ;
tes bêtises réfrénées, ta danse de l'idiote,
tes grimaces délicieuses - ne lave jamais tes sous-vêtements sales, ne chasse jamais tes actes d'amour
à travers les allées résidentielles -
ne nous gâche pas ça
en accumulant kilos et fatigue,
en acceptant la télévision et un mari gnangnan ;
n'abandonne jamais ce déhanchement maladroit et inapte
pour arroser la pelouse le samedi -
ne nous renvoie pas à Balzac ou à l'introspection
ou à Paris
ou au vin, ne nous renvoie pas
à l'incubation de nos doutes ou au souvenir
du frétillement de la mort, salope, affole-nous d'amour
et de faim, garde les requins, les requins sanglants
loin du cœur."
On est loin du romantisme... et près de Léo Ferré ou de Serge Gainsbourg !
Christiane,
Supprimerc'est avant tout du " je suis contre mais tout contre ", non?
Quand aux filles elles sont pratiquement toutes en short, c'est la mode!
( J'ai la preuve photographique pour un prochain message, promis!)
Et j'ai pu prendre ma photo en lui parlant de son short, à notre belle passante.
Short très "british", vous en conviendrez...
Cela n'a aucun rapport avec votre photo et votre rencontre mais certainement avec Baudelaire ou encore Michel Leiris (L'Age d'homme). Comme l'Holopherne qu'il dit être, écartelé entre Lucrèce, la chaste, et Judith, la tentatrice.
RépondreSupprimerIl me semble que votre blog est assez fort pour accueillir la complexité de l'âme humaine et des désirs.
Mais je répondais à Bukowski , du moins à son poème, Christiane.
Supprimer( "Fille en short, qui ronge tes ongles en tortillant du cul)
Il dit encore, notre Bukowski :
" ne nous renvoie pas à Balzac ou à l'introspection "...
Un peu, beaucoup...mais juste ce qu'il faut, n'est-ce pas?
Bien à vous.
Il est bon de rencontrer dans l'écriture ces faces cachées de l'être humain. La beauté sans la laideur, sans les ... ornières , ne serait qu'une écorce vide.
RépondreSupprimerCe combat Saint-Augustin et tant d'autres l'ont vécu. Des correspondances d'écrivains nous révèlent ce langage cru dont ils avaient besoin pour aimer, sans honte, sans inhibition, dans l'intimité. Une chape de bienséance judéo-chrétienne a longtemps censuré l'expression de la jouissance et du désir. Ce poème qui se veut choquant répond à cela comme une provocation et c'est... tonique !Le sentiment de soi, comme l'écrit Boris Cyrulnik, de honte ou de fierté dépend de la place que nous donnent les représentations collectives."
Il faut ceux qui osent dire et ceux qui osent entendre...
Très beau texte, je ne connaissais pas.
SupprimerUn jardin secret
Paroles et musique : Henri Tachan
"On a tous un jardin secret,
Un petit jardin des délices
Où l'on se cache pour arroser
Parmi nos fleurs, nos immondices...
Là, c'est une fille de joie
Qui fait les cent pas dans ta tête,
Un carré de bitume froid
Qui te réchauffe comme une fête,
C'est un visage pâle de morte
Sur l'oreiller taché du vice,
Le défendu derrière la porte,
La touffe offerte en haut des cuisses...
On a tous un jardin secret,
Un petit jardin des supplices
Où l'on se cache pour arroser
Parmi nos fleurs, nos immondices...
L'adolescente que je couve
Des yeux du démon de Midi.
Avant qu'elle ne devienne louve,
Je voudrais téter la brebis,
La petite fille défendue
Qui sent le savon et l'urine,
La Lolita au coin d'la rue
Qui croque un bout de mandarine...
On a tous un jardin secret,
Un petit jardin en coulisse,
Où l'on se cache pour arroser
Parmi nos fleurs, nos immondices...
C'est vous, Saintetés, Présidents,
Grandes familles, Bourgeois imberbes,
Qui arrachez depuis longtemps
Dans les jardins, la "mauvaise herbe",
Tartufes, hypocrites, curés,
Ils croulent, vos murs du silence,
Sous des rideaux de lierre serré,
Sous des parterres d'orties qui dansent...
Qu'un jour, tous nos jardins secrets
Redevenus publics, fleurissent
D'humbles chardons et d'orchidées,
De lilas bleus et d'immondices !
Qu'un jour, tous nos jardins secrets
Redevenus publics, fleurissent
D'humbles chardons et d'orchidées,
De lilas bleus et d'immondices !"
Vous abordez là un vaste débat Christiane!
SupprimerLe jouir sans entrave ( des paroles et des actes) me semble tout autant coercitif et restreignant que le monde de la forclusion morale ou religieuse.
Le fléau de la bienpensance penche de tous les côtés.En art, dans les mœurs politiques et sociétaux.
C'est ce que nous dit Henri Tachan dans sa chanson mise en ligne supra, " On a tous un jardin secret"... fait de rose et d'immondices.
Mais c'est un débat digne d' intérêt.
L'arrêt, autorisé seulement quelques minutes, explique sans doute la relative fraîcheur du coussin berlinois.
RépondreSupprimerJ' apprécie votre vista Dominique Autrou, celle que l'on retrouve dans votre propre univers photographique.
SupprimerQuinze minutes, cela peut suffire à bouleverser le monde, non?
Bien à vous.
Brassens, Nerval, Baudelaire, Flaubert, Bukowski, Tachan... deux images, une accroche et voilà, nous naviguons les uns les autres, les uns vers les autres, nous enrichissons (enfin, moi vous m'enrichissez). Voici que vous m'évoquez le "Colloque sentimental".
RépondreSupprimerC'est vrai, Frederique, qu'après tous ces noms lâchés dans les commentaires j'ai dû moi-même, je l'avoue ici publiquement, aller voir la définition du " coussin berlinois" de l'ami Dominique.
SupprimerAlors que je pensais à une quelconque turpitude et m'attendais au pire, voilà que je suis parti à la recherche du "Colloque sentimental" et boum, le précipice de l'amour impossible!
Vous me cassez le moral mais suis tout de même content de vous lire ce soir.
A bientôt!
;)
Voyons, je ne vous casse pas le moral, en poésie on transcende, on sublime, non ? Coussin berlinois, un ajout à mon vocabulaire. Un +.
SupprimerLe moral?
SupprimerOn mesure la distance du but que l'on veut atteindre, on prend sa respiration, on saute les obstacles des mots, on tutoie les haies de la syntaxe, c'est du sport aussi, Frederique, non?
Vous relire ici et c'est le beau fixe!
Ciao.
Quelle belle journée, ici. Tout ce qui s'est dit, tout ce qui s'est tu. tous les souvenirs... Une seule photo a suffi.
RépondreSupprimerAvant que la nuit efface le jour cette odelette de Gérard de Nerval. c'est "une allée au Luxembourg"...
"Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !
Mais non, – ma jeunesse est finie …
Adieu, doux rayon qui m’as lui, -
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui !"
Merci, Jean-marie pour votre accueil.
Excellent poème qui cependant demeure dans la veine de la nostalgie du temps passé...depuis Ronsard!
RépondreSupprimerBaudelaire, une autre force dans sa modernité qui traverse le temps.
Merci de cette mise en ligne Christiane!