J.M. STAIVE collage original |
L' homme commence à l' image qui est l' instrument primitif presque unique d' humanisation de l' univers. Les choses ne sont que ce qu' elles sont - il n' y a pas dans les choses autre chose que ce qu' elles sont, sauf l' homme qui s' y introduit et les rend humaines et se les approprie par l' image. Un caillou n' est qu' un caillou, mais par l' opération magique il devient un cœur et un cœur devient un caillou. Un paysage n' est ni triste ni riant, il est un paysage, mais attristant ou égayant selon que l' homme s' y trouve à l' aise ou mal à l' aise, au moment où il reçoit l' image dans l' œil. Et c' est toute la poésie du monde, dans l' esprit de l' homme et son cœur, ce qui lui rentre par l' œil et par l' oreille immédiatement transformé selon l' état de son humeur, l' équilibre de ses viscères et le mouvement de son sang.
Pierre Reverdy, EN VRAC, édition de Rocher 1956.
collage, phrase extraite de roman populaire. |
Et pour celles et ceux qui veulent prolonger la réflexion,visitez ce site à propos de l' image.
Le premier image me fait penser d'Antoine de St-Exupery, ses vols de nuit, sa philosophie...
RépondreSupprimer« L’homme commence à l’image » : à un reflet de lui-même ?
RépondreSupprimerSi en plus c’est Dieu qui créa l’homme à son image, ça se complique encore plus !
Et si Jean Cocteau nous dit « que les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer l’image », je deviens fou !
Merci pour le beau texte et l’image.
Etonnante interpolation Deborah ! En effet, je n' ai aucunement pensé à cet écrivain, mais vous illustrez par un pertinent exemple le travail de l' image en chacun de nous. Me reviennent cependant à l' esprit les mots " croix du sud ", sans pouvoir justifier ni reconnaitre l' origine de cette rémanence.
RépondreSupprimerMerci de votre visite!
Que te répondre Bleu, sinon faire se réverbérer ta réflexion avec celle de Reverdy : " Qu' est-ce la réalité ? Dans l' esprit, un reflet. Et l' art ? un reflet de reflet. Nous ne pouvons décidément rien saisir que dans un miroir."
RépondreSupprimerMais cela se discute !
Ta visite, toujours un plaisir.
comme toujours, une problématique qui se discute à l' infini.L ' homme commence à l' image mais où se poursuit- il? Où finit-il? dans la sensualité du toucher? dans le sillage du parfum et dans la musique de tous les matins du monde...vous qui êtes un homme de goût,pensez-vous que ce qui prime soit l 'image ou les mots et sentiments qu elle fait naître?
RépondreSupprimerSympathique de me déterminer comme " homme de goût " orfeenix...mais je ne sais pas ce que ce terme désigne car je crois que l' on peut être homme de dégoût, tout au moins un homme debout et ce sera pas si mal !
RépondreSupprimerVaste et passionnante question que vous posez en ce qui s' agit de déterminer la préséance de l' image ou du langage.
Je répondrai pour l' image poétique ( recentré sur Reverdy ) avec Bachelard, dont le soucis constant a été d' inscrire l' image sous le signe de la mobilité : elle habite le langage plutôt qu' elle ne découle du perçu, elle est inséparable d' un " trafic d' images ". L' image est par excellence poétique, elle élève la littérature à la hauteur d' un art, une poétique de la rêverie qui infléchit en retour le regard sur toute image.
J' ajouterai ce texte de la philosophe M.J. Mondzain concernant l' image :
" J’entends dire que l’image est partout. Elle nous inonde, elle nous submerge. Sous le déluge des images, nous serions les naufragés de la pensée. Idolâtres et acéphales, voilà, me dit-on, ce que, par sa faute, nous sommes devenus.
Je réponds haut et clair : l’image n’est nulle part ; l’image n’est coupable de rien.
Qu’est-ce à dire ? D’abord, je pense que ce qui nous menace aujourd’hui, corps et âme, ce n’est pas l’image, mais sa disparition, son expulsion même. Ensuite, je prétends qu’une méditation véritable sur l’image conduit à ne la confondre avec aucune configuration du visible. Autrement dit, lorsqu’une image est devant nos yeux, elle ne s’impose pas pour autant au regard. Le visible la dissimule, mieux encore, l’image a élu le visible pour se dissimuler. Qu’on la conjure ou qu’on la convoque, l’image impose toujours une certaine économie de l’absence. "
Me plaît tout à fait votre collage avec son étendard de paroles.
RépondreSupprimerDans l'attente suspendue amenée par votre visuel adroitement économe, j'apprécie beaucoup l'inclusion de cette phrase de roman populaire qui ouvre sur ses gonds avec une interrogation surlignée.
En réponse :
-Une possible suite . . . dans l'air, et dans l'aire du roman populaire :
" Les dessous fétiches "
***
-Une plausible poursuite en carnation Reverdy :
« Petite poupée, marionnette porte-bonheur, elle se débat à ma fenêtre au gré du vent. La pluie a mouillé sa robe, sa figure et ses mains qui déteignent. Elle a même perdu une jambe. Mais sa bague reste, et, avec elle, son pouvoir. L'hiver elle frappe à la vitre de son petit pied chaussé de bleu et danse, danse de joie, de froid pour réchauffer son coeur, son coeur de bois porte-bonheur. La nuit, elle lève ses bras suppliants vers les étoiles. »
P. Reverdy - '' Fétiche '' - La plupart du temps - nrf Gallimard
j' aime votre approche fine et juste de l' image que je pose après le texte de Reverdy.
RépondreSupprimerL' image est en quelque sorte cet entre deux de la signification de la phrase " Cette robe..." et la visualisation du fond marin. L' image ainsi informée , sera donc différente pour chacun d' entre nous, ce que M.J. Mondzain nomme " l' économie de l' absence ".
Il faut rajouter votre expérience de praticienne de l' appairage Isabelle, qui vous fait mettre vous-même en œuvre l' apparition d' une telle image.
RépondreSupprimermaintes fois entendu lors de la scolaire période "sage comme un image" la sagesse défini -t-elle l'Homme?
RépondreSupprimerl'homme commence à l'image et la femme dans le vide ...
RépondreSupprimerce que vous avez imaginé n'est pas ce que vous croyez, c'est le principe du détour narratif ?
Vous êtes un vrai philosophe Bourdon ( mais ça, je le savais déjà ! ) L' image est effectivement " sage " car elle est activée par notre regard d' humain... Et selon les époques, les moments, d' autres regards les informent. L' image qui se taille la part de roi, c' est bien sûr la peinture, voire la photographie... Mais la frappe de monnaies, cela a été en occident, un des plus gros enjeux de la bataille des images!
RépondreSupprimerAh Capucine, ne dites pas ça ! ( Et vous savez bien qu' on dit l' homme en général pour nommer les deux sexes ! )
RépondreSupprimerLa femme est justement le principe actif, l' image par excellence, la vera iconica, la véronique...
J' ai essayé - mais y suis-je parvenu ? - de mettre en scène " l' absente de tout bouquet ", l' interpolation de l' écran ( un fond vide marin )avec une sémantique de la phrase dans son extrême banalité.
A savoir qu' une expression la plus commune puisse ouvrir à un imaginé le plus inédit.
Il y a effectivement un quelque chose du détour narratif.
Bon, j' attends vos remarques...
A bientôt !
L'image est une chose, l'homme en est une autre, c'est très difficile d'être à la hauteur de son image...et de quelle image parlons-nous ? : image de marque, de soi, corporelle, d'Epinal, libre de droit, subliminale, fixe ?TOUT RESTE A IMAGINER...et si on tourne à l'envers , on obtient MAGIE...
RépondreSupprimerC' est sûr Gwendoline, Il y a bien quelque chose de l' incroyable, du merveilleux dans l' image ( j' essaie de ne pas être trop technique...), l' empreinte de l' homme, c' est la main négative.Il devient autre dans son image !
RépondreSupprimer( Bon il va falloir développer d' autres messages sur ce vaste thème...)
j'ai mal à la tête!*_*
RépondreSupprimerQue de questionnements dans tes lignes ! et dans tes images !
RépondreSupprimerParfois j'imagine que mes pensées "créent" les objets que je vois et je me laisse alors aller à croire que mes bricolages photos ont bien quelque chose à "voir" avec la réalité ;)
Merci pour ce lien intéressant !
Un beau blog ! qui, si tu es d'accord, sera listé dans mes blogfriends ;)
Merci de ta visite Ötli ( je tutoie qui me tutoie ! )
RépondreSupprimerTu évoques là Kant et la problématique critique, puis idéaliste qui accorde une place décisive à la faculté de l'imagination comme productrice en l' homme.
Autre questionnement aussi avec Husserl et sa " conscience d' image "( une des formes de l' imagination ).
Cette " conscience d' image ", décrit le processus psychique par lequel se forment en nous des images que l' on appréhende comme des objets intentionnels neutralisés dans leur validité d' existence, par contraste avec les objets de la perception externe.
( L' autre forme d' imagination, désignant la puissance imaginative du sujet comme telle.)
Bon, pas trop de philosophie, mais c' est la pertinence de ta réflexion qui me pousse à te répondre ainsi.
A bientôt !
L'homme commence à l'image ... Déjà un titre qui donne envie de savoir , de gratter un peu plus dans la pierre et éviter que le coeur soit glacial ...
RépondreSupprimerJ'aime ces couleurs chaudes , elles sont à l'image du texte qui l'enrubanne ...
Le caillou ne peut attraper de pou , il peut faire joujou avec le hibou le plus important est de ne pas égratigner le genou en voulant regarder en dessous de la robe :)
Je suis rare en ce moment sur le net tout simplement parce que j'ai eu une vilaine grippe qui s'est agrippée ...mais je l'ai viré ! rire
Douce fin de journée ...
C' est le " genoux de Claire " Marie !
RépondreSupprimerMe vient en mémoire : "...une simple pression de ses orteils sur le sable mouillé change la couleur de la plage..."
Eric Chevillard, Les absences du Capitaine Cook,Les Editions de Minuit.
Bonne après-midi...
La Croix du Sud, Blaise Cendrars en parle comme quelque chose de magique, dans "Le Lotissement du ciel".
RépondreSupprimerPour ce que dit Reverdy, cela résonne de façon un peu bizarre, cela fait penser aux gens qui se créent des mondes artificiels au moyen des mots, sans plus se demander si leurs mondes ont une réalité ou non. L'art devient alors comme une technique de fabrication de choses nouvelles. Mais cette bulle semble construite sur du sable.
Evidemment, Reverdy ne donne pas la source obscure des humeurs qu'on peut avoir face à un paysage. Mais si ces humeurs sont sans source, il devient impossible de distinguer, par exemple, ce qui est juste de ce qui ne l'est pas, ce qui est vrai ou faux sur le plan moral. Je ne pense pas qu'on doive détacher ainsi l'art de toute forme d'objectivité. Cela finirait par ressembler à la folie de M. Jourdain, on finirait par dire que M. Jourdain, en croyant qu'il est mamamouchi, est un artiste total, ou un poète immergé dans la mise en scène initiatique dont il a été l'objet, alors qu'il est simplement fou. Le problème est ici de parvenir à trouver quelque chose d'objectif au-delà de ce qui apparaît physiquement. On ne peut pas affirmer a priori que c'est impossible, même si on peut admettre que les dogmes ne donnent pas forcément les bonnes réponses. Il faut encore se référer à Victor Hugo, qui rejetait les dogmes sans estimer pour autant que l'image était arbitraire. Ce que dit Reverdy me paraît incomplet. Il ne parle pas de ce qui réellement préoccupe. Il ne fait que constater un mécanisme.
Un très beau petit livre de M.J. Mondzain, intitulé Van Gogh, ou la peinture comme tauromachie...
RépondreSupprimerCette robe est à tomber à la renverse, as-tu quelque chose dessous?
RépondreSupprimerPhrase extraite d'un roman populaire…
Diantre, Diable Fichtre, Saperlipopette!
Roman populaire… hum!
Je pense à la phrase de cette andouile de Marcel Duchamp : "c'est le regardeur qui fait le tableau… "
Quelle erreur! quelle erreur…
Quelle erreur! C'est Beethoven qui a composé la cinquième, pas le type qui l'écoute. Cette erreur on la répète à l'envie depuis soixante dix ans afin de dé-resposabiliser l'artiste, car il fallait dé-resposabiliser l'artiste… Ainsi ce n'est pas lui qui dit ce qu'il dit, c'est le spectateur qui comprends ce qu'il a envie de comprendre. Quelle erreur!
RépondreSupprimerChaque homme créerait un monde à ses images, quelle merveilleuse perspective de s’accorder ce genre de pouvoir ?
RépondreSupprimerBeau collage : trèfle à quatre feuilles au milieu de formes géométriques.
maravilloso trabajo!
RépondreSupprimercariños!
Merci de votre passage Luz !
RépondreSupprimerDans le trèfle Saravati ( j' ai trouvé la solution, vous voyez, pour enfin publier mes réponses ! ) il s' agit d' une fresque romane découverte dans une église de campagne du sud Quercy.
RépondreSupprimerTG, vous posez l' épineux problème de la conception / réception de l' œuvre d' art...
RépondreSupprimerCommenter dans un futur proche " L' oeuvre ouverte " de Umberto Eco par exemple ?
Ou encore Michel Foucault avec son " qu' est-ce un auteur ? "
On a surdéterminé l' expression de Marcel Duchamp.
Les regardeurs ne sont certainement pas les " signeurs " ( ni les seigneurs ) du tableau.
( Vous m' excuserez cette réponse tardive, l' ordinateur en fut la cause...)
Mazis vous savez aussi que l' espace du tableau est un espace d' illusion. La projection sur le plan du tableau correspond à la technique de construction picturale de l' image - il s' agit du travail du peintre dont l' objectif est précisément de devenir inaperçu.( Voir Panofsky ).
Je crois que la peinture associe dans son élaboration et son résultat, le peintre et le spectateur.
( Poussin et Duchamp même combat )...
DSL je dois être encore sur ma petite planète HIHIHI
RépondreSupprimerJe reviens dans la journée
Un petit bÖnjour Öptimiste... et un grand merci pour ton commentaire. Je te souhaite une belle journée.
RépondreSupprimerayant perdu avec les supposés échanges tout goût d'adresse à quiconque, j'aime encore venir lire à/sur/ dans /votre blog qui est encore pour mes yeux un blog-aventure- et-découverte au(x) sens poétique(s).
RépondreSupprimerce que je voulais aujourd'hui saluer en y laissant ce mot.
je lis avec intérêt les commentaires, Versus, ce que tu évoques sur l'absence de l'artiste derrière l'oeuvre, seule donnée à voir, mais je n'ai pas tout saisi peut-être ? Mon expression est parfois maladroite.
RépondreSupprimer@levberlinski
RépondreSupprimerBienvenu et merci pour votre aimable appréciation !
Votre profil gagne à être connu !
A bientôt peut-être ?
Bon Capucine je peux peut-être " envoyer " un texte de L. Wolf intitulé :" Qu' y a-t-il dans la boîte ?
RépondreSupprimerDire tout simplement qu' une peinture non vue n' a pas d' existence.
Es-tu d' accord ?
oui, Versus, ce serais bien que tu envoie ce texte de Wolf, je connais pas du tout, je regarderai tes collages avec ce qu'il y a dans la boîte ...
RépondreSupprimerBon, me voilà pris au piège des 4096 caractères maximum publiables Capucine !
RépondreSupprimerLes références précises du texte : Laurent Wolf, Vie et mort du tableau, 1.Genèse d' une disparition, Klincksieck éditeur, chapitre 36, Qu' y a-t-il dans la boîte ? pp.119 à 122.
Autre bel exemple à consulter, le blog " Par notre silence, la voix des choses parlent ".
RépondreSupprimer(Voir dans ma liste de blogs).
Nous faisons advenir le/la DS !
@France..." Tout oiseau c' est la main du silence " Jehan Mayoux.
RépondreSupprimer@Ötli, l' Ötlimum est autorisé !
je trouve que, mettre de la fantaisie, de la poésie, ça embellit un peu notre quotidien...l'imaginaire tient une grande place dans mon existence, c'est pour cette raison que je me sens bien dans ma vie...et l'equilibre tient au fait que mème si j'ai la tète dans les nuages ...je garde les pieds bien sur terre..
RépondreSupprimermais je ne suis quand mème pas du genre à parler à mes chats comme s'ils étaient des etres humains à part entière mème si je les adore...hihihi....
Heureusement que vos pieds font travailler votre imagination***Isabelle*** !
RépondreSupprimerCar contrairement à ce que l' on peut quelque fois croire, le corps prédispose ou empêche d' imaginer.
Mais c' est là un autre débat.
Il m' arrive de parler à mon chat, Origène ( il a un nom de philosophe ) et je crois que quelque chose se passe entre lui et moi. Mais cela reste du domaine privé !
A bientôt!